Archive for mars, 2016

Si belle en ce miroir

jeudi, mars 31st, 2016

Introspection by Giulia MarangoniQu’est-ce qu’un miroir ? Il ne s’agit pas uniquement d’un objet qui réfléchit depuis l’antiquité, mais depuis plus récemment de l’objet indispensable à la réalisation d’un test d’auto reconnaissance mis au point en 1970 par Gordon G. Gallup, psychologue américain investi dans le domaine animal et humain. Auparavant le test du miroir avait été utilisé par différents psychologues et psychanalistes et avait permis de définir plusieurs étapes de la reconnaissance du soi devant une image d’abord sans signification. L’éthologie qui s’intéresse au comportement des animaux dans différents environnements ne pouvait pas ignorer cette question de savoir si l’animal a conscience de lui même. En d’autres termes, le test du miroir appliqué à l’animal permet de se faire une idée quant à sa possibilité d’une auto-reconnaissance. Plusieurs mammifères et quelques oiseaux auraient réussi ce test et aujourd’hui la raie Manta (Manta birostris, famille des Mobulidae) pourrait également faire partie du groupe des heureux élus, ayant conscience d’eux-mêmes (Behavior Brief, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/45665/title/Behavior-Brief/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=27734285&_hsenc=p2ANqtz-_Ux3kyrPT2I8-POJOyv1kd9A3-Ehd5dH6lRFZdz4PRhQA6asQ9f-e4cj4C0n5bLR1SRSb57l4MWvDpbcoG_F8zyYIwLQ&_hsmi=27734285,Contingency checking and self-directed behaviors in giant manta rays: Do elasmobranchs have self-awareness?doi:10.​1007/​s10164-016-0462-z) . Les Elasmobranches, sous branche des Chondricthyes, rassemblent les raies et les requins. Pour le requin les informations manquent mais de compétents éthologues animaliers affirment que la raie mise en présence d’un miroir modifie son comportement. Qu’elle possède le plus gros cerveau parmi les poissons ne signe pas nécessairement  la conscience de soi, ses circonvolutions sont au moins aussi importantes sinon plus, mais elle en a . Par contre la vision n’étant pas peut-être pas le seul sens requis dans la reconnaissance de l’animal, l’olfaction qui en fait également partie n’est pas sollicitée dans le test du miroir. Quoiqu’il en soit, s’il semble assez facile (vidéo, Animals in Mirrors Hilarious Reactions, https://www.youtube.com/watch?v=GaMylwohL14) d’apprécier certains changements de comportement, celui dela raieManta semble d’interprétation plus difficle (Mantas mirror test2, https://www.youtube.com/watch?v=LQ1KErB_2oU). Il n’en reste pas moins vrai que l’animal machine a bel et bien disparu et heureusement !

 

De utilitate plombi

samedi, mars 26th, 2016

scribouillardChacun sait que le saturnisme doit son nom à la planète Saturne, symbole du plomb en alchimie. Pourtant le métal plomb se traduisant par plombum (i, n) en latin, il convient d’écrire de utilitate plombi si l’on veut décliner au moins un intérêt du plomb quand il ne s’agit pas du domaine de la santé. Si au XV° siècle, J. Gutenberg met au point les caractères mobiles d’imprimerie, l’encre qu’il utilise comporte du colorant (il en existe différents types), un support qui lui permet de le transporter et de le fixer aux lettres et un optimisant. Les supports sont souvent à bas d’huile et l’optimisant peut renfermer du cobalt ou du manganèse. Le plomb n’entrait pas dans la composition de l’encre mais dans celle des caractères que ce génial inventeur avait mis au point en lui ajoutant de l’étain et de l’antimoine. L’encre des papyrus peut comporter un sulfure de mercure, l’encre des moines copistes était soit constituée d’un pigment noir issu de produits calcinés ou de noir de fumée avec un support, soit métallo-galliques (noix de galle) et sel métallique (sulfate de fer ou sulfate de cuivre). Mais heureusement pour les amateurs de vieux, très vieux textes, les curieux, les érudits et les autres bien sûr, l’éruption du Vésuve en 79 après J.-C n’a finalement pas eu raison de ces rouleaux pourtant bel et bien carbonisés (Lead ink from scrolls may unlock library destroyed by Vesuvius, https://www.newscientist.com/article/2081832-lead-ink-from-scrolls-may-unlock-library-destroyed-by-vesuvius/?cmpid=NLC%7CNSNS%7C2016-2403-GLOB&utm_medium=NLC&utm_source=NSNSAL). Ayant échappé depuis trop longtemps à tout examen, il est devenu possible grâce au plomb contenu dans l’encre et à une technique innovante dans ce domaine [la tomographie X en contraste de phase (XPCT) avec amplification de contraste] de déchiffrer déjà quelques mots et un alphabet grec dans sa totalité. Pour ceux que ces travaux pluridisciplinaires intéresseraient, il convient de lire également la publication du CNRS, Voir à l’intérieur des rouleaux carbonisés d’Herculanum (http://www2.cnrs.fr/presse/communique/3871.htm) qui n’évoquent pas la présence de plomb, mais ne parle que d’une encre à base de noir de fumée ! Quoiqu’il en soit, ce texte aurait pu à coup sûr venir enrichir la bibliothèque de l’abbaye bénédictine d’Umberto Eco, si celle ci n’avait fort malencontreusement été détruite (encore et toujours) par le feu !

Où il est encore question de sommeil

jeudi, mars 24th, 2016

tamara-de-lempicka-la-dormeuseOn connaissait l’expression « manger pour deux » que les futures grands mamans ne pouvaient s’empêcher de susurrer à l’oreille des futures mamans, aujourd’hui c’est de leur sommeil dont elles devront se préoccuper (Sleeping for Two, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/45339/title/Sleeping-for-Two/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=27549787&_hsenc=p2ANqtz-8znyhdRSzE4LZkvGoi-wg38lE4fwNJQ5ghMYFQSQ8WbkhTh1h3VKxSiIJW0ggrKZJYFTa1McZVWwMsuk9OrM97KtAEjg&_hsmi=27549787). Comme il est facile de comprendre qu’un pédiatre comme une équipe (du reste) peuvent difficilement suivre une cohorte d’individus depuis leur naissance sur un intervalle de temps suffisant pour voire apparaître des troubles corrélés au anomalies du sommeil de leur génitrice, quoi de plus tentant que de recourir à la souris dont on est à même de suivre la descendance sur plusieurs générations. Ainsi fut fait et si l’on considère qu’interrompre à plusieurs reprises le sommeil du sujet de l’expérience suit les prescriptions du bien être qui lui est indispensable, selon la charte du droit des animaux, on va obtenir des informations que par le raisonnement analogique habituel on transposera à l’homme. Mais si les résultats de l’expérimentation donnent au lecteur une information, celle d’une insulino résistance apparaissant à la vingt quatrième semaine, pour ce qui est de l’humain, l’auteur n’offre que des pistes dont aucune n’est aboutie. Et pour clore le tout, la gestation pourrait bien, par les remaniements qu’elle induit, ne pas être un état aussi physiologique que ce que l’on croyait ! On en reste bouche bée, en somme une certaine forme d’apnée comme celle dont il est question  plus haut !

Le cerveau et Petri

lundi, mars 21st, 2016

Belle-dormantLorsqu’en 1887, Julius Richard Petri inventa la boîte éponyme, il y a très peu de chance pour qu’il ait imaginé que la dite boite servirait de lit à deux types de  co-cultures glio-neuronale, l’une dans le rôle de la belle endormie, et l’autre dans celui de la belle éveillée ! Et pourtant, on vient de mettre au point une nouvelle et prometteuse technique pour étudier le sommeil dans un plat ! Le sommeil reste en effet un état physiologique parfaitement intriguant, en témoigne ce numéro qui lui a été dédié dans son intégralité (http://www.omagdigital.com/publication/?i=291897#{« issue_id »:291897, »page »:0}, cité dans « O temps suspends ton vol) ). Exception faite de l’IFF (insomnie fatale familiale, appartenant aux maladies à prion), il n’existe pas de lésion qui se traduise par une agrypnie. On a pu avoir tendance à imaginer que chacune des fonctions cérébrales devait se loger dans une aire qui lui était spécifiquement dédiée, mais il peut sembler difficile de parler de centre du sommeil quand aucune lésion provoquée n’est en mesure d’éteindre cet état. L’idée que différentes zones du cerveau peuvent montrer séparément des signes électriques de sommeil trouve une résonnance particulière dans ces co-cultures que l’on peut activer ou au contraire déprimer. Ainsi a-t-on d’une certaine façon, modélisé de petites unités d‘un sommeil, UN par ce qu’il s’agit exclusivement de sa composante électrique (Sleep’s Kernel, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/45394/title/Sleep-s-Kernel/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=27393475&_hsenc=p2ANqtz-9krlfFbF8cN23LUn567XEks_yIj8HYByLKHNXAZ2q4Gaceiv4BNl-qaqTT1R43UY66P6vXRft0mhP-B3-2x8ouTD2WPg&_hsmi=27393476). Il n’empêche, une hypothèse se fait jour : le cerveau ne dort pas d’emblée dans sa totalité. Le sommeil progresse par synchronisation de petites unités. Alors plus angoissante est la question de savoir comment qualifier réellement cette chose qui dort ou pas  dans  la boîte de Petri.  Et que s’est-il passé quand la Belle au bois dormant  en se piquant le doigt a plongé tout les êtres vivants habitant le château de ses parents dans un profond sommeil !

Urbs/urbis ….

samedi, mars 19th, 2016

10949076974_37874b4917_b » … On devrait construire les villes à la campagne car l’air y est plus pur ! … Sous les pavés, la plage ! …. La ville a une figure, la campagne a une âme …. » Quand des citations concernant les lieux d’habitation  s’accordent sur un point celui de l’opposition entre la ville et la campagne on est tenté de croire qu’il existe un solde négatif  aux dépends de la première. C’est parce que le phénomène de l’urbanisation, vieux de plusieurs « millénaires », subit une accélération progressivement croissante qu’ il convient de repenser le pourquoi et le comment. Les préoccupations qui se font jour dépassent en effet la somme de chacun de ses composants, voirie, découpage du sol,  densités, usages … de telle sorte que se met en place un domaine à part entière, celui qui a pris le nom de morphologie urbaine. Cette dernière qui étudie le tissu urbain cherche à tenir compte de structures sous jacentes comme s’il  s’agissait  de reconnaître à la ville une extériorité et une intériorité. Si la description par Charles Dickens du Londres de 1837  était particulièrement sombre, celle de Fritz Lang ne l’est pas moins quand il imagine en 1927 ce que pourrait être la ville de 2026. Quand on remplace dans le futur la mégapole par le moloch, c’est qu’un certain équilibre a été rompu tandis que s’est mis en place la démesure. Dés lors peut-on identifier un facteur sur lequel on pourrait agir pour faire de la ville du XXII° siècle un lieu à vivre (Metropolis now, http://www.nature.com/news/metropolis-now-1.19559?WT.ec_id=NATURE-20160317&spMailingID=50933004&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=882060414&spReportId=ODgyMDYwNDE0S0) ? Il existerait une voie n’empruntant pas le chemin des idées reçues, celle qui prendrait en compte l’urbanus ambulans, celui qui se déplace dans sa ville, en considérant les pourquoi et comment de ces déplacement pour qu’il ne s’agisse pas de pérégrinations désordonnées.  » … En ce qui me concerne personnellement, je suis moi, je viens de chez moi et j’y retourne … » disait Pierre Dac !

Comment ne pas perdre son temps !

dimanche, mars 13th, 2016

Ethique-et-consumérisme-3S’il est un sujet qui occupe, dans ce monde grands et petits, c’est bien celui de la préservation de la biodiversité. Pourtant le peu de résultats obtenus depuis qu’il en est question prouve à l’évidence que toutes les raisons invoquées ne sont pas suffisantes pour entrainer l’adhésion de la communauté des nations. A moins que ces raisons ne se répartissent en fait en deux groupes qui s’opposent sans trouver de terrain d’entente ce qui fait que l’on ne porte pas le débat sur la place publique ! Sans que l’on en ait vraiment parlé, il vient naturellement à l’esprit que la nature ne pourra se réapproprier sa qualité première, la biodiversité, que par la remédiation humaine et c’est alors que l’on se trouve face à l’éthique environnementale, terme apparu dans les années soixante dix. Il s’agit d’un questionnement concernant la morale et son domaine d’implication, soit exclusivement restreint à homme ou tenant compte plus largement du monde naturel. C’est une question ancienne et sans remonter jusqu’aux philosophes grecs, la maitrise cartésienne de la nature en est une forme d’expression. On retrouve un débat plus proche : c’est celui qui a opposé Heidegger et Jonas. Chez les deux philosophes, c’est la technique qui en occupe le centre. Pour le premier l’arraisonnement de  la nature passe par la technique de telle sorte que la seconde somme la première de fournir à l’homme ce dont il a besoin. Pour le second, la technique est destructrice : pour y pallier l’homme n’a d’autre possibilité que de recourir à une technique plus performante. Le principe de précaution est là pour mettre un terme à cette escalade infernale. Il n’est pas impossible que ces deux attitudes soient le résultat des deux positions suivantes.  D’un côté, la conservation de la nature est un impératif moral (impératif kantien) et tout discours de monétisation la chosifie , de l’autre, la conservation de la nature ne peut entrer en conflit ave le progrès humain qui tire sa valeur de ce que l’homme a construit. Peut-on les  réconcilier ? C’est le sujet de l’article Reasons to Conserve Nature (http://www.cell.com/trends/ecology-evolution/fulltext/S0169-5347(16)00050-1) : montrer qu’il n’est pas antinomique de réconcilier utilité et valeur intrinsèque à condition de définir des espaces et des niveaux d’organisation biologique. Bien sûr, on peut se poser la question  » pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué », mais on doit aussi se demander « comment savoir sans essayer ». Mais un tel choix implique de savoir prendre son temps et d’aucuns diront que l’on n’a plus le temps !

Les carottes sont cuites !

vendredi, mars 11th, 2016

fiche_aliment_prehistoireDans le domaine de l’alimentation on connait le bio, le végétarisme, le végétalisme plus stricte et du côté du mode de vie, le véganisme. Alors il est temps de proposer une grande nouveauté, l’alimentation telle qu’elle se pratiquait avant la découverte du feu (Food processing, http://www.nature.com/news/food-processing-1.19513) ! Sans compter que l’on résoudrait par la même occasion le problème des énergies fossiles. D’une pierre deux coups pourrait être le slogan retenu. Sans compter la référence implicite au silex taillé, que du bonheur pour les publicitaires et les réseaux sociaux ! Si la viande non cuite doit être mâchée un temps immensément long ce qui rend difficile un autre travail simultanément, un hachoir même rudimentaire permet de  réduire la chair en une bouillie plus facilement assimilable. Peut-être conviendrait-il néanmoins de donner quelques informations complémentaires à propos de la denture et des muscles masticateurs car il n’est pas impossible que se produisent quelques modifications : externes par exemple faciales mais aussi internes par exemple digestives pour ceux qui suivraient avec application ce régime. On pourrait également proposer, étant donné la modification du morphotype qui s’en suivrait, de savoir enfin à quoi ressemblait réellement l’homo erectus d’il y a un million d’années! Finies les élucubrations place au vrai ! Ainsi deviendrait-il possible de mettre fin au post humanisme par le rejet aux orties de la technique.

Heurts temporels

mardi, mars 8th, 2016

cpmbatadamhommeprehist (2)Le 5 janvier 2016 parait dans l’édition PLOS one (http://journals.plos.org/plosone/) un article intitulé Biomechanical Characteristics of Hand Coordination in Grasping Activities of Daily Living (http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0146193). Deux mois plus tard, soit le 4 mars, cette même édition publie une retractation (Retraction: Biomechanical Characteristics of Hand Coordination in Grasping Activities of Daily Living, http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0151685) dont l’entête spécifie en toutes lettres que les éditeurs présentent leurs excuses auprès des lecteurs pour le langage inapproprié utilisé dans l’article et les erreurs survenues dans le processus d’évaluation. Pourquoi cette rétractation ?  PLOS one se définit comme a nonprofit publisher and advocate of Open Access research. All PLOS content is free to access, distribute, reuse and remix. Il s’agit d’un  procédé de publication accélérée dont l’accès direct entraine une grande facilité  d’utilisation à la fois bénéfique et délétère : bénéfique par l’accès simplifié à la connaissance pour tous, délétère quand il s’avère que cette connaissance est viciée. Le point qui a entrainé le retrait du dit article concerne la référence assumée à un « créateur » ce qui sous entend l’adhésion au concept  » du créationnisme » (Paper Containing Creationist Language Pulled, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/45519/title/Paper-Containing-Creationist-Language-Pulled/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=26991054&_hsenc=p2ANqtz-__ghy7ZnlGz-7ANF1cGNcXWcU5eIjKlM7YZMHCSnvU6tXbx8To9hWgKZwoRkEfKDM0UNNKOhREdHzfDTUFXUXNQcbzJQ&_hsmi=26991054). Il est spécifié que la relecture doit être faite dans les dix jours et si  l’éditeur s’engage à une publication rapide il n’est pas fait mention dans sa plaquette d’une durée limite. Que sous entend ce retrait ? C’est de la part de l’édition le signe du rejet de cette théorie dont on sait combien elle revient en force avec le darwinisme (débat d’Oxford du 30 juin 1860), le monde scientifique s’opposant fermement à l’irrationalité que véhicule ce concept. Néanmoins deux mois après la publication, de nombreux lecteurs, tenants comme opposants, ont pu prendre connaissance de l’article. Se trouvent donc en compétition le temps raccourci de publication d’un texte dont la relecture s’est faite dans un temps identique. Le premier est appréciable, le second ne l’est pas . Il n’est pas bon de bousculer les temps, lorsqu’ils se heurtent on peut craindre le pire !

O temps suspends ton vol !

jeudi, mars 3rd, 2016

hqdefaultDe même qu’il est toujours impossible de donner encore aujourd’hui une définition du temps, il reste tout aussi impossible d’en donner une du sommeil. Si « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée » il se pourrait qu’il en soit de même de cette fonction physiologique qui semble bien appartenir à tous les êtres vivants . Et pourtant que sait-on du sommeil ? Une revue complète traitant  de ce sujet n’est certainemnt pas de trop (http://www.omagdigital.com/publication/?i=291897#{« issue_id »:291897, »page »:0}) avec pour introduction cette question,  What Lies Sleeping (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/45341/title/What-Lies-Sleeping/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=26793607&_hsenc=p2ANqtz-8_6-Kza1XTeUiOBkJt_JZxqYCPsm-fCxCl7NNaDu5w7QdXBnd371bLQe-aZsjIBOUb5N45EacJWB7S59MlnIv2FrFQiQ&_hsmi=26793607). Car n’est-il pas indispensable pour traiter d’un sujet de poser en préliminaire la bonne question ? Comme on peut le lire, les définitions sont multiples et l’enregistrement électroencéphalographique auquel on se réfère depuis Hans Berger (1920) même couplé à l’électromyographie et aux mouvements oculaires ne donne en réalité qu’une information en rapport avec le néocortex, or ce dernier n’existe pas chez les invertébrés eux qui présentent pourtant des périodes particulières/comparables que l’on peut mettre en rapport avec un remodelage indispensable à la plasticité du tissu nerveux pour laquelle les synapses ne sont pas les dernières (loin de là ! ) à avoir de l’importance. On connaît depuis longtemps l’influence de la privation de sommeil sur les performances ! Et pour terminer en majesté, c’est le rêve qui s’impose car lui aussi est ubiquitaire ; à ce propos n’oublions pas chez les mammifères le chat, qui fut l’animal de référence pour son étude pendant de longues années. On pourrait alors pour en terminer ajouter aux domaines artistiques qui en traitent depuis longtemps, une démarche ontologique qui en serait le lien spécifique. C’est un mystère que l’homme cherche à percer depuis des siècles. Parce que difficilement compréhensible depuis toujours les anciens en avaient  oeuvre des dieux et Morphée, divinité des rêves prophétiques était fils d’Hypnos (le Sommeil) et de Nyx (la Nuit). Ne sera-t-il prochainement que moléculaire !

Peur ou pas peur ?

mardi, mars 1st, 2016

fear-manipulationUn long article (Fear of large carnivores causes a trophic cascade, http://www.nature.com/ncomms/2016/160223/ncomms10698/full/ncomms10698.html) résumé dans, Just the fear of big predators can alter an entire ecosystem (https://www.newscientist.com/article/2078511-just-the-fear-of-big-predators-can-alter-an-entire-ecosystem/?cmpid=NLC%7CNSNS%7C2016-2502-GLOB&utm_medium=NLC&utm_source=NSNSAL) traitant de l’influence de la peur sur un écosystème, est-ce réellement l’idée du siècle ? Lorsqu’il s’agit de préserver la nature, pourquoi choisirait-on de faire la part belle à certaines espèces plutôt qu’à d’autres ? On aurait alors une idée assez peu orthodoxe de ce qu’est un équilibre, ce qui justement est le but recherché ! Aussi préserver les grands carnivores ne semble-t-il pas une idée extraordinaire mais plutôt une idée parfaitement ordinaire quand on considère la cascade des événements depuis les grands prédateurs jusqu’à leurs proies. Par contre, ce qui est peut-être plus intéressant, c’est l’étude du sentiment de peur et sa traduction en terme de comportement chez l’animal. La méthodologie est simple et repose essentiellement sur la perception et l’interprétation par certaines espèces de sons émis par d’autres espèces animales ; les secondes étant des prédateurs des premières. Car il s’agit en fait de l’étape qui précède la mise à mort, celle qui avertit et permet à l’hypothétique proie de modifier son comportement afin d’échapper à son triste sort. Ainsi le contrôle au sein d’un écosystème relève-t-il peut-être tout autant de la dissuasion que de l’exécution, l’une comme l’autre exercées par les prédateurs. Mais cette aire de la peur, n’est pas la découverte en propre des auteurs Justin P Suraci et al, puisqu’ils n’ont fait que reprendre un concept déjà défini et étudié dés 2010 par sous le terme de The Landscape of Fear (The Landscape of Fear: Ecological Implications of Being Afraid , http://connection.ebscohost.com/c/articles/58601246/landscape-fear-ecological-implications-being-afraid). La peur n’est pas toujours mauvaise conseillère en tout cas chez nos amis les bêtes !