Archive for janvier, 2022

L’organisateur désorganisé !

lundi, janvier 24th, 2022
Gestation chez les mammifères : gastrulation (embryon triblastique - ligne  primitive, endoblaste -)

C’est en 1935 que Hans Spemann obtient le prix Nobel de Physiologie et Médecine pour ses travaux d’embryologie expérimentale ayant porté sur une région inductrice chez l’amphibien et qui, rançon de la gloire, aura l’honneur de porter son nom. L’organisateur de Spemann, c’était déjà le noeud de Hansen décrit quelques soixante dix ans auparavant. Jusqu’à encore très récemment le rôle de cette structure était considéré comme important de même que sa date de survenue. Après des siècles de reconnaissance par la communauté scientifique en embryologie il se pourrait que son rôle s’avère modeste et que ce passage d’un rang primordial à un rang subalterne influe sur ce que l’on a appelé « la règle des 14 jours » (Mammalian Embryos Might Not Need Primitive Streaks After All). La gastrulation est un moment important de l’embryogenèse. Elle correspond à la mise en place des trois feuillets et à la réalisation d’un axe antéro postérieur (céphalo caudal). Elle se situe vers le quatorzième jour et correspond à d’important phénomènes migratoires cellulaires. La nouvelle année pourrait donner un coup d’arrêt à une doxa vieille de plus de cent ans. D’une part il existe des développements embryonnaires chez différentes espèces qui ne passent pas par cette étape, d’autre part on peut même s’en passer en modifiant certains facteurs physiques appliqués à la structure embryonnaire. L’idée serait donc qu’elle n’est ni indispensable, ni nécessaire, ni suffisante. D’où il s’en suit un possible déplacement de la vision éthique autorisant les expérimentations sur des cellules embryonnaires pour aller vers un allongement de la période fatidique des quatorze jours. Questions : La gastrulation signe-t-elle l’émergence de l’individualité humaine ? G. Bachelard serait-il d’accord pour parler de « rupture épistémologique » ?

Tout le monde parle, c’est une évidence

lundi, janvier 17th, 2022
La pollution par le bruit sur la terre Photo Stock - Alamy

Si les mains pariétales figurent probablement la première preuve que l’oralité évoluait vers une scripturalité encore élémentaire, ce n’est que beaucoup plus tard que surviennent les preuves d’une écriture qui néanmoins ne remplacera jamais l’oralité. Une grande question est de savoir précisément quand le passage s’est fait entre les deux modes d’expression de l’homme et il est plus que vraisemblable que jamais une date précise ne pourra en être donnée. Mais une question tout aussi intéressante et débattue est de savoir quand apparut la parole chez l’homme. On imagine que la bipédie joua un rôle non négligeable dans la verticalisation de l’appareil phonatoire. Aujourd’hui on met en avant l’existence possible d’un stade antérieur à savoir celui de vocalisation (Novel vocalizations are understood across cultures, https://www.nature.com/articles/s41598-021-89445-4). Ce dont il est question dans l’article When life got loud se situe bien antérieurement lorsque le monde terrestre passa du muet à la sonorisation alors qu’il n’avait pas connu le passage du noir et blanc à la colorisation ! Il a approximativement fallu trois milliards d’années pour que des bruits se fassent entendre au sein de l’élément liquide et encore deux cent millions d’années pour que le bruit devienne terrestre. Ce qui est indispensable pour affirmer que bruit il y avait, c’est retrouver des organes fossiles de production sonore, ce qui ne doit pas être simple quand on travaille sur la cigale ! Si le larynx des vertébrés terrestres date de trois cent millions d’années, il a fallu encore des millions d’années pour que les bruits deviennent des sons ayant une signification pour les individus de même espèce ce qui signifie que pour communiquer des informations utiles leur a fallu savoir attendre ! Quoiqu’il en soit, les prochains spectateurs de la saga Jurassic Park devront être avertis qu’il n’y a pas de reconstitution parfaite tandis que Steven Spielberg devra retravailler avec son bruiteur !

Transporteur bénévole

samedi, janvier 8th, 2022
Les quatre éléments, 1472. /Nla quatre éléments d'Empédocle (terre, air, feu  et eau). Gravure sur bois de couleur à partir d'une édition 1472 de  Lucrèce' 'De natura rerum Photo Stock - Alamy

Pour Empédocle, le présocratique, aucun doute : il existe quatre principes qui mélangés en proportions différentes rendent compte de tous les matériaux présents sur terre. Il s’agit du Feu, de l’Air, de la Terre et de l’Eau qui auraient été nommés dans cet ordre sans explication ! Pour mémoire, Empédocle aurait mis fin à ses jours en se jetant dans l’Etna, en laissant ses sandales d’airain au bord du cratère ce qui montre assez combien il appréciait cet élément auquel il accorda la première place. Bien que n’ayant pas le statut d’élément à proprement parlé, la terre, l’air et l’eau suggèrent les trois états, solide, gazeux et liquide du futur. Et la mythologie, ce temps en dehors du temps, reconnaît déjà un air supérieur plus pur, respiré par les Dieux et un air inférieur moins pur respiré par les Hommes. Cet air est aujourd’hui parfaitement analysable (Measuring biodiversity from DNA in the air, Scientists ID Dozens of Plants, Animals from Free-Floating DNA) et il ne s’agit pas des mesures de qualité pour juger du niveau quotidien de pollution, mais de la mesure de l’ADNe (pour environnemental) sous forme de traces qui signent la présence actuelle ou passée de tout organisme vivant (https://www.spygen.com/fr/technologies/qu-est-ce-que-l-adne) ! L’étude de l’ADNe déjà en cours pour le milieu aquatique pour les poissons va donc pouvoir être appliqué également pour les animaux terrestres et les végétaux. Réalisées au niveau d’espaces « limités » comme les zoos, les questions sont encore nombreuses en ce qui concerne les facteurs qu’il faudra prendre en compte dans l’interprétation des résultats obtenus lorsqu’il s’agit d’espaces illimités. Mais de même qu’il faut tenir compte de la hauteur à laquelle on positionne la caméra qui enregistrera le passage de l’animal que l’on surveille, de même il faudra tenir compte de la hauteur du capteur d’ADNe car l’air n’a pas la même composition partout, ce dont les anciens étaient déjà conscients.