« Qui a peur du grand méchant loup » est une comptine enfantine qui a d’autant plus fait parler d’elle, qu’elle a été composée pour le dessin animé éponyme de Walt Disney en 1933, revu et corrigé en 1942, par Tex Avery sous le titre du Blitz Wolf. S’il offre une autre interprétation sous la forme d’une propagande anti nazie, le thème est bien resté le même : celui d’une peur vaincue pour le plus grand bien de trois personnages en but aux agissements d’un quatrième particulièrement malveillant. C’est la peur qui permet à chacun d’entre eux, en fonction de leurs moyens, de combattre l’agresseur après l’avoir reconnu comme tel. Et s’ils correspondent à un groupe particulier, celui d’une fratrie, il est possible, si l’on en croit Abigail Marsh (The Benefits of Trepidation, https://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/50652/title/The-Benefits-of-Trepidation/) que l’empathie soit le moteur qui fait agir le second puis le troisième des protagonistes, chacun au secours de l’autre. La neurophysiologie a montré l’importance du complexe amygdalien dans le circuit de la peur (Le « serpent » de Joseph Ledoux, 1994) rôle parfaitement confirmé par la disparition du dit sentiment en cas de lésion de cette zone anatomique. Mais ce qui est tout aussi intéressant c’est que cette même zone est impliquée dans le phénomène de l’empathie : l’expression de la peur ressentie par un sujet est ressentie de la même façon par l’autre et chez les deux sujets il y a activation du complexe amygdalien. Ainsi l’empathie s’exprime-t-elle du fait de la compréhension de la peur de l’autre. Une lésion de l’amygdale pourrait donc être une cause de l’absence d’empathie d’où son importance sociétale. « La peur mauvaise conseillère », ce serait plutôt l’inverse !
Archive for novembre, 2017
L’amygdale, vous dis-je, l’amygdale …
dimanche, novembre 26th, 2017Le temps ne fait rien à l’affaire !
mercredi, novembre 22nd, 2017Quand on pose la question de savoir ce qui différencie la culture des chasseurs/cueilleurs de celle des agriculteurs, on convoque l’espace temps même s’il existe une longue période de chevauchement entre les deux, puis bien sûr leur modes de vie comme le suggère déjà les qualificatifs choisis. Et c’est justement ces différences dans leurs modes de vie qui sous tendent une réponse logique plus qu’inattendue! Les premiers se préféraient plus volontiers nomades tandis que les seconds choisissaient de se sédentariser. C’est la raison pour laquelle leur environnement immédiat comporte une différence essentielle : leur besoin d’un chien ou d’un chat. Le chien les aide dans leur démarche de chasseurs, le chat protège les récoltes des prédateurs rongeurs. Si les peintures rupestres sont connues pour leurs représentations animalières il s’agit essentiellement de la faune chassée, celle qu’ils doivent affronter pour survivre. Et voici qu’apparaissent d’autres animaux, des canidés à n’en pas douter (8,000-Year-Old Rock Art Includes the World’s Oldest Images of Dogs, https://www.livescience.com/60982-oldest-images-of-dogs-on-leashes.html?utm_source=ls-newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=20171120-ls) vieux de huit mille ans. Ce qui donne LA touche de modernité à la représentation pariétale c’est … la présence de la laisse ! Le chien et le loup de MR de La Fontaine auraient pu converser il y a huit mille ans et le second aurait tenu les mêmes propos.
La complexité s’impose
lundi, novembre 20th, 2017« Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué » le plus célèbre des aphorismes shadokiens relève d’une réalité de tous les jours. Il s’applique de plus à la définition même de type cellulaire et avec encore plus d’acuité à la population neuronale humaine. Ce fut une vraie bataille que de faire accepter le concept de cellule comme unité fondamentale de tous les êtres vivants. Il a fallu attendre presque deux cents ans pour que la cellule découverte par Hooke acquiert son statut d’universalité grâce à Schwann. Au niveau des organismes multicellulaires (eucaryote) la cellule répond à un patron qui convient à toutes avec des adaptations menant à la définition du type cellulaire, transformant le prêt à porter en un sur mesure. Mais aujourd’hui le concept même de type cellulaire unique doit être revu à la hausse. La différenciation qui permet la mise en place d’une cellule adaptée en lieu et place à son rôle serait beaucoup plus compliquée encore qu’il n’y parait : c’est ce qui est montré au niveau des neurones (Advancing Techniques Reveal the Brain’s Impressive Diversity, https://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/50700/title/Advancing-Techniques-Reveal-the-Brain-s-Impressive-Diversity/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=58116133&_hsenc=p2ANqtz–5m_lAFcbfDfKR4krsJTViQIR2mqJBCsvJ7dWxfyeMEESiHkKxlKnoYdHoYANx0Nlgaks54A6_8OqlOASxJ-xb850pwQ&_hsmi=58116133). Il en découle cette question princeps, comment définir un type cellulaire (Opinion: How to Define Cell Type,https://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/50848/title/Opinion–How-to-Define-Cell-Type/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=58116133&_hsenc=p2ANqtz–5m_lAFcbfDfKR4krsJTViQIR2mqJBCsvJ7dWxfyeMEESiHkKxlKnoYdHoYANx0Nlgaks54A6_8OqlOASxJ-xb850pwQ&_hsmi=58116133). Ainsi a-t-il pu être tenu compte de la forme, de la fonction, et plus récemment d’une classification selon un modèle hiérarchique. Quoiqu’il en soit le raffinement technologique n’a certainement pas fini de trouver des différences substantielles entre des cellules primitivement décrites comme appartenant au même type. Il pourrait sembler plus simple d’adopter l’attitude philosophique qui lorsque l’on parle de feuille ne la voit ni verte, ni rouge, pas plus sur sa branche qu’à terre. Ainsi en fut-il de la première d’entre elles !
Ce qu’il fallait démontrer !
mercredi, novembre 15th, 2017On est jamais trop nombreux quand on veut répondre à cette vaste question « Sur quelle base repose la croyance ? » C’est celle que s’est posée une équipe multidisciplinaire, mais néanmoins préférentiellement centrée sur la psychologie et le comportement (Supernatural Belief Is Not Modulated by Intuitive Thinking Style or Cognitive Inhibition, https://www.nature.com/articles/s41598-017-14090-9). Pourtant il ne s’agit que l’une des questions, parmi tant d’autres, que soulève le concept de croyance, et on pourrait plutôt avoir envie de poser la question du pourquoi. Et ce d’autant plus qu’il est difficile de voir une application possible aux résultats de cette recherche à moins que d’en faire part au Big Brother cher à Orwell. Quoiqu’il en soit, faut-il se réjouir premièrement d’avoir essayé de « prouver scientifiquement » que la croyance n’est pas le fait de l’intuition/le cœur, comme on aurait peut-être envie de le penser, et deuxièmement d’avoir essayé, pour étayer la discussion, d’utiliser la neuro imagerie. Il est vrai que les résultats obtenus à partir de tests cognitifs peuvent sembler ne pas avoir la même rigueur que ceux obtenus à partir d’enregistrements électro-encéphalographiques couplés à un examen du gyrus frontal inférieur, siège de l’inhibition cognitive (?). Une étude comportementale devrait pourtant démontrer l’impact du vocabulaire utilisé, dans cette appréciation, entre tests psychologiques et électrodes/imagerie. Pour finir on retiendra en premier lieu une conclusion ouverte satisfaisante puisqu’il serait « prématuré » de conclure en choisissant la raison contre le cœur ! en second lieu que les athées seraient plus intelligents que les individus religieux aux États Unis, ce qui demande encore une vérification ! et en troisième lieu que l’environnement pourrait également avoir son rôle à jouer, vraisemblable ! Un article pour rien ? Non, puisqu’il a ouvert une discussion à laquelle chacun peut participer comme en particulier Nathan Cofnas, auteur d’un ouvrage centré sur The Coevolution of Religious and Moral Doctrine, in Reptiles with a conscience (2012). Mais s’il fallait aborder ce problème d’une façon un peu plus sérieuse on pourrait aussi discuter de l‘inné et de l’acquis !
Mon beau sapin …
jeudi, novembre 9th, 2017A l’heure où il est de bon ton d’investir son avenir physique aussi bien que mental dans le végétal, lui-même décrit comme une communauté bienveillante, pourquoi ne pas s’intéresser à son passé, et découvrir la paléobotanique ! Le végétal est apparu sous forme d’algues il y a probablement 1, 2 milliard d’années ce qui offre à l’humanité une réelle jeunesse. Pour en arriver aux belles futaies (par exemple) d’aujourd’hui, les transformations n’ont pas manqué. C’est ce dont traite l’article Unique growth strategy in the Earth’s first trees revealed in silicified fossil trunks from Chinadeux (http://www.pnas.org/content/114/45/12009.abstract) commenté dans, The Weird Growth Strategy of Earth’s First Trees (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/50711/title/The-Weird-Growth-Strategy-of-Earth-s-First-Trees/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=57728403&_hsenc=p2ANqtz-_9ZHssV6hRwg1EwKUeCi9eb_bBTJYIAjPRRiNdksbI0U5slGiiWh4C_3_7ZV6P8rOvF0keLRb-7JZf3EV-sWtX-M9dmQ&_hsmi=57728403) et Primordial Fossils of Earth’s 1st Trees Reveal Their Bizarre Structure (https://www.livescience.com/60746-earth-oldest-trees-had-complex-structure.html?utm_source=ls-newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=20171024-ls). De meilleures conditions de conservation ont ainsi permis d’améliorer les connaissances portant sur un arbre de la famille des cladoxylopsides, plus anciens que les dinosaures ! Pourquoi s’intéresser aux cladoxylopsides et plus particulièrement au xinicaulis lignescens (nouvelle tige devenant ligneuse) parce qu’il s’agit d’un exemple d’une évolution simplificatrice comme le démontre l’étude anatomique des structures arborescentes. Mais une évolution simplificatrice peut aussi cacher un parcours évolutif complexe ce qui permet aux auteurs d’ouvrir la discussion dans deux directions : l’arbre et le carbone dans la nature mais peut-être aussi pour commencer, pourquoi le monde végétal a-t-il accouché de l’arbre ?
Il y a un commencement à tout
dimanche, novembre 5th, 2017Pour Pythagore c’est une affirmation, « Le commencement est la moitié du tout ». Pour Leibniz c’est une question « Pourquoi il y a-t-il quelque chose plutôt que rien ». Sans oublier qu’ « Au commencement était le verbe ». La première considère l’agir, la seconde plutôt sa conséquence, la troisième le versant théologique. Mais il ne faudrait pas pour autant négliger une quatrième version elle aussi interrogative et qui reste tout autant fondamentale, « Comment il y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? » Le comment est d’importance et interroge l’humanité depuis … la nuit des temps. C’est l’acquisition de la technique qui autorise à aller plus avant dans cette quête. Les dernières découvertes seront elles en mesure d’expliquer ce passage de la non vie à la vie, puisque seule la présence de la première permet de définir son absence . Un point positif : l’obtention d’une réaction indispensable, la phosphorylation avec la certitude que cette étape n’a probablement pas nécessité de grandes quantités de matière liquide (Abiotic production of sugar phosphates and uridine ribonucleoside in aqueous microdroplets, http://www.pnas.org/content/early/2017/10/30/1714896114.full, ou en résumé, Building Blocks of Life May Have Formed in Water Droplets, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/50699/title/Building-Blocks-of-Life-May-Have-Formed-in-Water-Droplets/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=57682692&_hsenc=p2ANqtz–Ks4Sxv2X_2d8yTsALH6dNt8tNZMXQ6QipT5rgpr8sgcoj1PFZEZj5DG46jKfbMbv-XSotBEXS3YoCWFqhqDItze4M7A&_hsmi=57682692), le point négatif : qu’est-il advenu de ses molécules primitives ? Mais il n’en reste pas moins que le problème concernant les acides nucléiques et les protéines n’est pas pour autant résolu puisque les premiers stockent l’information génétique et que les secondes servent à fabriquer les premiers ! Le lecteur se trouve donc devant deux paradoxes entre les quels il ne pourra peut -être pas choisir : l’œuf ou la poule, Achille et la tortue !