Archive for septembre, 2018

Un curieux nouveau concept

dimanche, septembre 23rd, 2018

Dans la série Vérités et Mensonges ( (Why False Beliefs Are Hard to Shake, https://www.livescience.com/63554-why-false-beliefs-stick.html) il faudra maintenant demander un daxxy. Sous ce néologisme anglais, encore dépourvu de traduction à l’heure actuelle, se cache une question importante posée dans un article de la revue Open Mind (aout 2018) sous le titre Certainty Is Primarily Determined by Past Performance During Concept Learning (in abstract : https://www.mitpressjournals.org/doi/abs/10.1162/opmi_a_00017), idée reprise dans l’article : Pourquoi nous en tenons-nous aux fausses croyances? ( http://news.berkeley.edu/2018/09/04/certaintystudy/). C’est là une question à laquelle on ne peut échapper et ce d’autant plus irritante que certaines circonstances laissent sans voix. Ainsi les données scientifiques peuvent-elles n’être d’aucun secours devant un individu qui acquis à  l’idée de la platitude de la terre ! D’autant que pour  l’individu en question il n’existe aucun désaccord entre cette théorie et le phénomène des équinoxes qui s’explique parfaitement (How Do Flat-Earthers Explain the Equinox? We Investigated., https://www.livescience.com/63648-flat-earth-explanation-for-the-equinox.html?utm_source=ls-newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=20180922-ls). Si l’interlocuteur troublé ne peut faire tomber les barrières de ces fausses croyances au moins est-il en mesure d’en comprendre leur pourquoi ! Et c’est là où intervient le daxxy : A « daxxy » was defined as a structure with a particular color, shape and size, but the participants had no idea which color, shape and size were right. Il s’agit donc d’une structure que le sujet de l’expérience doit reconnaître  sans la connaître tandis que l’expérimentateur lui, la connaît puisqu’il l’a définit (concept paradoxal?) ! Même si la définition semble déconcertante, le résultat de l’étude est partiellement intéressant puisqu’il s’agit  d’un essai de démonstration du processus des fausses croyances :  il se pourrait que l’accumulation de preuves ne conforte aucunement la certitude de la véracité d’un fait ! Mais il convient d’insister sur le fait que le résultat est biaisé car il ne s’agit que d’une partie du problème. Les auteurs prennent en effet le problème en cours de route. Si les bases sont bonnes, pas d’inquiétude à avoir c’est dans le cas où elles sont inexactes, que tout est à craindre ! D’où la question suivante : pourquoi l’avènement du règne des « fake news » ?

 

 

 

Preuves à l’appui

jeudi, septembre 13th, 2018

L’anthropométrie ne connut pas que des heures glorieuses, la phrénologie en est un exemple patent. Basée dés le XVIII° siècle sur la théorie du neurologue autrichien Franz Joseph Gall, elle répond au concept selon lequel aux multiples fonctions cérébrales correspondent des zones cérébrales différenciées. Sur le papier le plan était fort beau mais l’enthousiasme aidant et l’inaltérable besoin humain de trouver une explication à chaque chose, firent que des chemins de traverse ne se firent pas attendre  comme  celui dévolu à l’anthropométrie criminelle selon Eugène Vidocq mais aussi pour prendre une très mauvaise direction comme celle mise au service des théories nazies. Plus glorieuse fut l’application qu’en fit Bertillon reposant sur l’utilisation de nombreux facteurs, mensurations, particularités physiques auxquelles vint s’ajouter plus tard la dactyloscopie. Dans leurs enquêtes policières les pédiatres furent grandement aidés lorsque fut mise au point la détermination radiologique de l’âge osseux. Sa connaissance s’avérait en effet indispensable par exemple au regard de possibles  anomalies de croissance. Ainsi l’anthropométrie était-elle particulièrement compétente dans deux domaines l’un judiciaire, l’autre médical. Aujourd’hui cette détection radiologique vient de laisser sa place à une autre méthode probablement plus exacte, basée sur  la  méthylation de l’ADN et relevant du domaine de l’épigénétique (étude des changements d’activité des gènes — donc des changements de caractères — qui sont transmis au fil des divisions cellulaires ou des générations, sans faire appel à des mutations de l’ADN). Mais étant donnée la modification des flux migratoires, la détection de l’âge osseux s’est déplacée du domaine médical vers le domaine sociétal du fait de l’importance de l’âge des jeunes demandeurs d’asile (Molecular test of age highlights difficult questions, http://www.nature.com/articles/d41586-018-06165-y?WT.ec_id=NATURE-20180906&utm_source=nature_etoc&utm_medium=email&utm_campaign=20180906&spMailingID=57316706&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=1480796497&spReportId=MTQ4MDc5NjQ5NwS2, Can epigenetics help verify the age claims of refugees?, https://www.nature.com/articles/d41586-018-06121-w). Si cette nouvelle technique consiste en une amélioration dans le domaine du diagnostic médical il n’en reste pas moins que son intrusion dans le domaine politique l’implique différemment. Quand au fil des temps, on se souvient combien médecine et politique ont  fait plus que flirter, il n’est pas inutile de faire preuve d’une vigilance sans faille dans les domaines d’utilisation de cette avancée technique. Ce ne serait pas la première fois que l’utilisateur détournerait un outil de sa fonction initiale dans un but peu recommandable !

Genèse d’une question

lundi, septembre 3rd, 2018

 Sujet de nombreux propos, Schrödinger peut être considéré à juste titre comme l’un de ceux qui posent des questions insolubles pour le commun des mortels mais également celui qui tel Prométhée voit avant. Pour commencer, chacun sait que l’animal préféré de ce scientifique, a savoir le chat, n’a pas fini d’intriguer par sa capacité à être sous plusieurs états simultanément. Bien sûr, pour ce faire,  il existe un impératif : considérer le monde à l’échelle quantique ce qui n’est, à l’évidence, pas celui dans lequel vit le tout un chacun. Intrigant certes, mais certains sont néanmoins à même de comprendre ce « paradoxe ». Par contre, poser une question à laquelle personne n’a encore pu répondre depuis la nuit des temps : »Qu’est-ce que la vie ? » est encore plus stimulant par la provocation quelle suscite   (Schrödinger’s cat among biology’s pigeons: 75 years of What Is Life?, https://www.nature.com/articles/d41586-018-06034-8?WT.ec_id=NATURE-20180830&utm_source=nature_etoc&utm_medium=email&utm_campaign=20180830&spMailingID=57273680&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=1464018327&spReportId=MTQ2NDAxODMyNwS2). C’est en effet régulièrement que sa formulation s’impose comme une évidence et l’on est en droit de s’interroger sur le pourquoi de l’occurence de l’évènement.  Quand Schrödinger pose « ingénument » la question , l’époque, 1944, est aux remises en question scientifiques qu’elles relèvent de la biologie,  de la physique quantique, de la chimie tandis que concomitamment  s’agrègent les bouleversements que subit l’humanité. Ainsi en un temps t différents cheminements viennent ils à se télescoper de telle sorte que l’acuité de la question peut être comparée au phénomène de nucléation qui fait apparaître de premiers germes cristallins présentant une structure ordonnée dans un milieu non organisé. Aujourd’hui  pas plus l’un que l’autre ne sont encore parfaitement expliqués ! D’où la question  » Comment nait une question ? »