Ci après, deux articles parus respectivement le 21 novembre (AI could find research ‘blind spots’, in Nature briefing) et le 23 novembre (ChatGPT generates fake data set to support scientific hypothesis, in Nature). Tous deux volent sur les ailes de l’actualité puisqu’il y est question d’IA. Pourtant les chemins suivis divergent considérablement et l’on est même en droit d’y reconnaître quelques discordances. D’une part l’association robotique/intelligence artificielle est à même de procéder à la « découverte » de nouveaux matériaux susceptibles d’apporter des améliorations dans le domaine de la technologie. C’est ainsi que si des milliers de matériaux inorganiques ont été créés, des milliards pourraient également voir le jour. Cette création d’abord virtuelle doit franchir le cap de la réalisation pratique. Cette deuxième étape indispensable n’est pas nécessairement vouée à la réussite mais tel l’humain, l’IA apprend de ses erreurs et est en mesure de les corriger, d’où l’efficacité inégalée de l’association. Même s’il s’agit d’un domaine différent, la médaille a son revers puisqu’il s’agit également de l’utilisation de l’IA. A partir d’une affection cornéenne connue pour laquelle il existe deux traitements, il a été demandé de démontrer la supériorité de l’une de ces méthodes en s’appuyant sur l’analyse comparatives de deux séries. D’une façon tout à fait comparable à la réalisation d’une étude basée sur deux cohortes, l’IA a « construit » des ensembles de données plausibles mais « fausses ». Seule une analyse approfondie est à même de détecter qu’il s’agit de données générées par l’IA. Il est évident que l’on s’adresse là encore à des avancées techniques humaines dont la finalité répond à leur utilisation. Ainsi en est-il du marteau qui est une arme par destination et non pas par nature ! Ce qui atteste de la liberté de l’homme.
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Sujet à discussions
samedi, décembre 2nd, 2023Un sujet de controverse
lundi, septembre 25th, 2023En 2004, Giulio Tononi propose une théorie mathématique de la conscience sous le nom de théorie de l’information intégrée (ITT). Nul n’ignore que « la conscience reste l’un des plus grands mystères de la science » dont la nature « insaisissable » a « suscité de nombreuses théories et débats« . A l’heure de l’intelligence artificielle (IA) la question se trouve non seulement sous les projecteurs mais elle se greffe sur cette autre que pose l’état de conscience ou non des animaux d’expérimentation comme les pieuvres dépourvues de cerveau anatomiquement défini. « L’ITT suggère que la conscience émane d’un système qui génère plus d’informations en tant qu’ensemble intégré que la somme de ses parties. La mesure clé de l’IIT est appelée Φ (phi), une mesure de l’information intégrée dans un système. En termes simples, elle quantifie l’information qui est générée par l’ensemble du système, au-delà de ce qui est produit par ses parties individuelles. Plus le phi est élevé, plus le système est considéré comme conscient ». Pourtant l’ITT ne constitue pas à elle seule l’explication de ce qu’est la conscience et plus grave la théorie est aujourd’hui battue en brèche voire même réfutée jusqu’à être qualifiée de « non scientifique ». Il faudrait donc en revenir à Karl Popper, spécialiste en la matière, selon lequel « le critère de la scientificité d’une théorie réside dans la possibilité de l’invalider, de la réfuter ou encore de la tester » (Conjectures et réfutations, La croissance du savoir scientifique, pp. 64-65). Les critères retenus dans l’article pour juger de la scientificité de la théorie ITT font appel au procédé d’imagerie retenu, mais il n’est aucunement question de tester la théorie en s’appuyant sur « des expériences cruciales » toujours selon Popper. Peut-être la problème est-il mal abordé et les arguments non appropriés (Consciousness theory ‘is pseudoscience’)?
Chercher l’erreur
dimanche, février 23rd, 2020L’action (ou la non action) se situe en septembre 1928. Alexander Fleming rentre de vacances dans un laboratoire (le sien) dont le joyeux et habituel désordre ne déroge pas à son habitude. Fleming cultive des staphylocoques, son voisin de paillase des champignons or autour des champignons les staphylocoques ne se sont pas développés ! (https://www.herodote.net/3_septembre_1928-evenement-19280903.php). Pourquoi Ernest Duchesne qui l’avait précédé sur cette voie, tomba-t-il dans l’oubli ? Comment douze ans plus tard, Ernst Boris Chain pressent-il l’intérêt de l’encore jeune pénicilline ? On pourrait croire que cette chaîne ininterrompue mêlant l’agir conscient, l’interprétation de l’inattendu et le raisonnement projeté doive laisser place au shaker scientifique (Powerful antibiotics discovered using AI, https://www.nature.com/articles/d41586-020-00018-3?utm_source=Nature+Briefing&utm_campaign=f680a1d26d-briefing-dy-20200221&utm_medium=email&utm_term=0_c9dfd39373-f680a1d26d-43241421 ) : soit dans un réceptacle (certes un peu particulier) une masse d’informations que le dit réceptacle est apte à traiter de la meilleure façon qui soit pour en sortir un gagnant ! Mais que l’on ne s’y trompe pas, l’homme n’y a pas perdu son âme. Il a comme d’habitude copié la nature : les circuits neuronaux artificiels qu’il a conçus s’ils ont la mémoire qu’il n’aura jamais sont là pour lui proposer plus rapidement un résultat que lui seul reste à même d’interpréter en vue d’une application raisonnée.
L’enfer est toujours pavé de bonnes intentions !
samedi, octobre 5th, 2019
Deux définitions en guise de préambule (indispensable ?) : Utopie : la société idéale et impossible de Thomas More, Dystopie : l’utopie qui vire au cauchemar, la différence avec la contre utopie ne faisant pas vraiment l’unanimité. C’est en 1516 que naît l’utopie, et le concept d’intelligence artificielle en 1950 quand Turing évoque la possibilité d’une machine qui pense. Si l’on a tendance à voir le mal partout, on pourrait avoir envie de dater le début de l’obsolescence programmée du libre arbitre humain à cette moitié du XX° siècle. Comme par ailleurs de l’intelligence artificielle on est passé à l’intelligence artificielle augmentée, le livre de Stuart Russell commenté dans Raging robots, hapless humans: the AI dystopia ( https://www.nature.com/articles/d41586-019-02939-0?WT.ec_id=NATURE-20191003&utm_source=nature_etoc&utm_medium=email&utm_campaign=20191003&sap-outbound-id=9606D7B56EFAB7B3771C49FE87CFC3130D5654A2&utm_source=hybris-campaign&utm_medium=email&utm_campaign=000_SKN6563_0000015602_41586-Nature-20191003-EAlert&utm_content=EN_internal_34350_20191003&mkt-key=005056B0331B1EE888EF831BEF037191 ) ne devrait pas être inutile. Les deux principales questions auxquelles il faudrait être en mesure de répondre sont les suivantes : des effets bénéfiques ou délérères générés par les applications de cette technologie, lesquels doit-on retenir pour l’avenir de l’humanité et sera-t-il toujours possible de garder le pouvoir sur des machines qui ne ressembleront plus en rien à des machines ? En effet lorsqu’un artifice dépasse largement les capacités de celui qui l’a construit on a tout lieu dêtre inquiet. Il est à craindre que les lois d’Isaac Asimov ne soient plus respectées. L’inquiétude est d’autant plus grande que le vocabulaire choisi à propos de ces constructions est celui que l’on utilise pour l’homme : intelligence, cognition, compréhension comme si les concepteurs avaient déjà anticipé la suprématie de leur création. Est-ce voeu pieux de répéter que la machine n’est que ce que l’homme veut qu’elle soit et qui le croit encore ?
Robot trop humain vs humain trop robot !
samedi, mars 10th, 2018La distinction entre robot humanoïde et androïde n’est pas rigoureusement claire quand il peut être question aussi bien de l’un que de l’autre en particulier dans la littérature de science fiction. On pourrait dire que : le robot humanoïde est une machine dont l’apparence se rapproche de celle de l’homme, tandis que l’androïde est un robot à forme humaine comme l’atteste le qualificatif « androïde » quand l’enveloppe est masculine, et « gynoïde » quand l’enveloppe est féminine (Humanoïdes et androïdes : Définitions, http://ia-2011tpe.e-monsite.com/pages/les-robots/humanoides-et-androides-definitions.html). En réalité le problème ne vient pas tant de la forme que du fond de ces presque nouveaux personnages et en particulier de la présence ou de l’absence d’une qualité, si peu partagée qu’elle ne peut être qualifiée de commune, l’empathie. Les androïdes de Ph K. Dick ont-ils la capacité de « se mettre à la place de l’autre » : c’est ce que Rick Deckard recherche dans sa quête destructrice. S’il utilise le test imaginaire dit de VOIGT-KAMPFF, ce denier repose néanmoins sur un test lui bien réel, le test de TURING (1950) utilisé dans un débat prémonitoire, à cette date, de la possibilité d’une Intelligence Artificielle (IA). Si ce test « simple » a été depuis sa description largement critiqué (http://www.artificiel.net/test-de-turing), il n’en reste pas moins le témoin d’une question majeure concernant dualisme et matérialisme de l’esprit humain. C’est pourquoi cette question se pose aujourd’hui avec d’autant plus d’acuité que l’IA en envahissant la société crée une nouvelle interface entre deux entités ontologiquement différentes, homme vs machine. C’est aussi la raison pour laquelle l’article Where Blade Runner began: 50 years of Do Androids Dream of Electric Sheep? (http://www.nature.com/articles/d41586-018-02695-7?WT.ec_id=NATURE-20180309&spMailingID=56151484&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=1361248578&spReportId=MTM2MTI0ODU3OAS2) mérite d’être lu. Il introduit en effet une nouvelle dimension : celle qui considère ces nouveaux liens que l’homme pourrait tisser avec sa machine pouvant modifier le statut de chacun des protagonistes. Ce qui se traduit in fine par le problème de la robotisation humaine, problème évoqué en son temps et à sa façon par Chaplin !
Pic de la Mirandolle était -il un robot ?
vendredi, février 22nd, 2013Mort à l’âge de 31 ans, probablement empoisonné, Jean Pic de la Mirandolle est resté dans la vulgate populaire comme l’archétype du savoir universel. Encensé par les uns, vilipendé par les autres, il est certain que s’attache toujours à son nom, un savoir qualifié d’encyclopédique pour le XV° siècle ! Sans être le rêve de tous, une connaissance étendue reste un des buts de l’existence de beaucoup ! Aussi pourquoi la robotique ne pourrait-elle pas aider l’homme en raison des capacités insoupçonnables de ses programmes d’acquisition et de stockage autorisant la possibilité d’un réel apprentissage de la machine, et pourquoi pas d’intelligence artificielle, dont la définition reste encore à préciser ! Quoiqu’il en soit, pourquoi ne pas se faire aider d’un robot dans certaines tâches comme l’envisage l’article « Watson, MD » (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/34160/title/Watson–MD/). Avec humour, le docteur Watson qui aidait si bien Sherlock Holmes est devenu ce robot qui aide le futur praticien dans ses tâches d’apprentissage aussi bien que le praticien confirmé lorsqu’il officie. Ce qui est particulièrement intéressant mais aussi tout à fait réconfortant, c’est que ce soit la traduction du langage qui soit l’étape la plus difficile que rencontre le programme de coopération entre la Clinique de Cleveland et IBM. Parce que le langage est une façon d’exprimer une pensée et qu’il est caractéristique de la communication il reste encore une spécificité du vivant.