« Sur le papier les plans étaient fort beaux » mais dans la boîte se révélèrent quelque peu différents. C’est ce que vient de constater l’équipe de Arnold Kriegstein ( Organoids Don’t Accurately Model Human Brain Development, https://www.the-scientist.com/news-opinion/organoids-dont-accurately-model-human-brain-development-66629?utm_campaign=TS_DAILY%20NEWSLETTER_2019&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=78492303&_hsenc=p2ANqtz-8vA6xjn87j8SKpAULtZ-QN57dcI5ihYyoERv0Iiw-Cq5mrbuZxo3rKRIVncNj9LsehQf0HTnEg0o-40hgDZ4ZvfIMfow&_hsmi=78492303) La question est : était-ce prévisible et si oui l’anticipation était-elle possible ? Il s’agit en l’occurrence du sujet même de la Médecine Expérimentale (Cl. Bernard) conséquence du positivisme de l’époque. Il s’agit de définir comment se construit une expérimentation : observer, poser le problème et faire l’hypothèse, procéder à l’expérience dont on tire les résultats qui seront interprétés en vue d’une conclusion. Mais cette observation peut être source d’erreurs lorsqu’elle suit aveuglément la doxa et c’est là que doit intervenir la rupture épistémologique (G. Bachelard) en rompant avec l’expérience première. Dans le cas des organoïdes cérébraux des différences existent entre les cultures in vivo et in vitro. Si ces différences expliquent une labilité de résultats antérieurs, l’impossibilité de reproduire certains tests et troisièmement si le facteur responsable est le stress du aux conditions, la démarche aurait peut-être pu être inverse à savoir mettre en premier la recherche des causes de ces différences en accordant aux conditions d’expérimentation tout leur rôle ! C’étaient donc les conclusions qui devaient être interprétées pour donner lieu secondairement à une nouvelle approche. La méthode de Cl. Bernard fait encore preuve d’une certaine modernité !
Archive for octobre, 2019
Peut mieux faire !
vendredi, octobre 25th, 2019Qui dort dîne !
mardi, octobre 22nd, 2019Pourquoi le sommeil fait-il oublier la faim ? Nombreux sont ceux qui n’ont pas cru à cette assertion dont les racines dépassent probablement le XVIII° siècle, pour plonger vers le Moyen Âge, voire le siècle de Ménandre soi-même soit le quatrième siècle avant Jesus Christ. Heureusement la science est là pour apporter sa caution en démontrant la véracité de cette vulgate populaire comme le démontre l’article « Why skimping on sleep makes your brain crave sweets » (https://www.sciencemag.org/news/2019/10/here-s-how-skimping-sleep-can-change-your-appetite?utm_source=Nature+Briefing&utm_campaign=0a44aaa3a7-briefing-dy-20191017&utm_medium=email&utm_term=0_c9dfd39373-0a44aaa3a7-43241421) . En fait c’est la démonstration de la situation inverse qui constitue la preuve. Si l’on ne peut assimiler cette démarche à une démonstration par l’absurde, on pourrait plutôt effectuer un rapprochement avec ce qu’écrivait H. Bergson, « … Non, évidemment. Je n’ai pas vu, je ne verrai jamais une absence de vers. J’ai vu de la prose… (Evolution créatrice,1907). Dans cette situation encore, l’espèce murine et l’homme ont été associés pour des études croisées entre neurophysiologie comportementale, imagerie et dosages biologiques. Il existe certainement une chaîne effectrice entre les centres du sommeil, l’olfaction (lobe piriforme où se trouvent des récepteurs endocanabinoïdes et insula) et la prise de nourriture (quantité et qualité). Mais que le lecteur se rassure, la simplicité n’est pas de ce monde comme on l’a déjà démontrée à de nombreuses reprises : un facteur non négligeable mais pourtant « négligé » devra être ajouté aux précédents, le facteur chrono biologique. Donc pour se résumer ajouter une horloge qui tiendra compte des heures d’endormissement et de prise de nourriture.
La proportion divine
jeudi, octobre 17th, 2019Comme une suite à « La place de l’homme dans la nature » le sujet du nombre d’or témoigne de la quête d’une loi universelle qui serait l’expression de l’harmonie si chère aux anciens. Dans ce monde : le nombre d’or est une proportion, définie initialement en géométrie comme l’unique rapport a/b entre deux longueurs a et b telles que le rapport de la somme a + b des deux longueurs sur la plus grande (a) soit égal à celui de la plus grande (a) sur la plus petite (b) ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Nombre_d%27or ). Depuis une date précisément indéterminée mais peut- être antérieure aux pythagoriciens, tous les domaines ont été touchés par cet impérieux besoin de tout mesurer pour montrer qu’il existe une constance dans les rapports obtenus. L’art est peut-être le plus fécond d’entre tous par son ancienneté et par la quantité des oeuvres ayant ainsi pu voir le jour. Le corps humain est ainsi une référence certaine en témoignent Léonard Da Vinci après Vitruve, Salvador Dali ou Le Corbusier (La Cité Radieuse). Alors dans le but de faire de l’Homme une créature vraiment à part en terme d’évolution et d’aboutissement (?), le Docteur Rafael Tamargo, neurochirurgien de son état, a tenté de montrer que ce nombre d’or se retrouvait dans le crâne humain (The Human Skull Obeys the ‘Golden Ratio,’ Study Suggests. Anatomists Say That’s Ridiculous, https://www.livescience.com/golden-ratio-human-skull.html?utm_source=Selligent&utm_medium=email&utm_campaign=8659&utm_content=20191013_LS_Essentials_Newsletter+-+adhoc+&utm_term=3192375&m_i=pAspBqeVioz304GXFcBxW5UeW7Oz%2B_5RPvbgPAIR_OMV4tPKtO9EdpG3_vrEw_6TlRRd30JNm8QY0ZwuYAaaYPULV%2BWiqocppo ). Même si la tempête menée par les anatomistes s’est levée, il n’en reste pas moins vrai que le XXI° siècle n’a pas éliminé ce besoin d’une harmonie avec le cosmos comme une loi universelle (qu’elle soit ou non de nature divine) qui signerait cette improbable paix entre l’homme et la nature, que ce dernier met à mal depuis qu’il existe et ce de façon croissante, voir à ce propos Heidegger et la question de la Technique.
La Place de l’Homme dans la Nature
mardi, octobre 15th, 2019Ne pas se méprendre, il ne s’agit aucunement de paraphraser l’oeuvre de Th.H. Huxley, parue en 1863 (édition française 1891 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6271096t/f9.image.texteImage ) traitant de l’Evolution humaine. Le sujet est alors d’actualité en cette fin du XIX° siècle après Lamarck et Darwin et peut-être peut-on considérer la théorie de la sélection naturelle comme aussi révolutionnaire que l’abandon du géocentrisme cher à Aristote et Ptolémée. Cent cinquante ans plus tard, le scientisme est plus vivant que jamais et l’article de Nathaniel Comfort, How science has shifted our sense of identity ( https://www.nature.com/articles/d41586-019-03014-4?WT.ec_id=NATURE-20191010&utm_source=nature_etoc&utm_medium=email&utm_campaign=20191010&sap-outbound-id=DA6C2F286063EEA8DC7AC2E1A487123681D56F54&utm_source=hybris-campaign&utm_medium=email&utm_campaign=000_SKN6563_0000015833_41586-Nature-20191010-EAlert&utm_content=EN_internal_34768_20191010&mkt-key=005056B0331B1EE888EF831BEF037191 ) a tous les mérites d’une piqure de rappel. En effet il n’est jamais trop tard pour revisiter (éléments de langage !) la façon qu’a l’Homme de voir et de se voir dans le monde vivant quand il regarde le chemin passé à son étude. Qu’est devenu le « soi », comment se décline » l’identité », existe-t-il des « spécificités humaines discriminantes » ? Si des réponses ont été apportées elles ont surtout généré de nouvelles questions comme s’enfoncerait une vis sans fin. D’autant qu’il convient de ne pas oublier la découverte d’un invariant universel, The structure of DNA ( https://www.nature.com/articles/d41586-019-02554-z?utm_source=Nature+Briefing&utm_campaign=af3ffdc666-briefing-dy-20191014&utm_medium=email&utm_term=0_c9dfd39373-af3ffdc666-43241421 ).
Pourquoi meilleur ?
mercredi, octobre 9th, 2019S’il est un sujet ardemment débattu aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain c’est bien celui qui a trait aux rapports Homme Nature, mais il en est un autre tout aussi important c’est celui qui régit les rapports Homme Homme. Hobbes contre Aristote, « Homo homini lupus est » contre « L’homme est un ête sociable, la nature l’a fait pour vivre avec ses semblables ». Un article récent, Neuroscience is starting to unravel the evolutionary underpinnings of mammals’ selflessness ( https://www.the-scientist.com/reading-frames/opinion–why-mammalian-brains-are-geared-toward-kindness-66433?utm_campaign=TS_DAILY%20NEWSLETTER_2019&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=77745415&_hsenc=p2ANqtz-_nxYmHf3goSOad4bCAOfQK5gZ-h7fUnj3kG6JpqI4dVGm3TbTXkwxlTkelNVd8IwyvF8N-VD3KN9wwm02t53eQUQEvTQ&_hsmi=77745415 ) veut accréditer des explications relevant du plus favorable de ces deux avis (voir également un extrait du livre dont il est question :Book Excerpt from Conscience, https://www.the-scientist.com/reading-frames/book-excerpt-from-conscience-66509). N’en déplaise à l’anthropocentrisme, l’altruisme n’est pas une exclusivité de l’humain, l’idée de conscience est elle plus spécifiquement humaine d’où certainement la complexité de sa définition et des mécanismes impliqués. Mais comme rien ne doit résister à l’analyse, pourquoi ne pas chercher à expliquer le pourquoi de cette particularité ? La démonstration proposée semble plutôt procéder d’une tautologie, d’un procédé de réthorique que d’une approche scientifique. L’auteur soulève néanmoins un point important. Avant que d’admettre (pour s’y soumettre ?) la prééminence morale absolue d’un groupe se souvenir que chacun est pourvu d’un matériel identique, fruit d’une évolution commune de l’humanité.
L’enfer est toujours pavé de bonnes intentions !
samedi, octobre 5th, 2019
Deux définitions en guise de préambule (indispensable ?) : Utopie : la société idéale et impossible de Thomas More, Dystopie : l’utopie qui vire au cauchemar, la différence avec la contre utopie ne faisant pas vraiment l’unanimité. C’est en 1516 que naît l’utopie, et le concept d’intelligence artificielle en 1950 quand Turing évoque la possibilité d’une machine qui pense. Si l’on a tendance à voir le mal partout, on pourrait avoir envie de dater le début de l’obsolescence programmée du libre arbitre humain à cette moitié du XX° siècle. Comme par ailleurs de l’intelligence artificielle on est passé à l’intelligence artificielle augmentée, le livre de Stuart Russell commenté dans Raging robots, hapless humans: the AI dystopia ( https://www.nature.com/articles/d41586-019-02939-0?WT.ec_id=NATURE-20191003&utm_source=nature_etoc&utm_medium=email&utm_campaign=20191003&sap-outbound-id=9606D7B56EFAB7B3771C49FE87CFC3130D5654A2&utm_source=hybris-campaign&utm_medium=email&utm_campaign=000_SKN6563_0000015602_41586-Nature-20191003-EAlert&utm_content=EN_internal_34350_20191003&mkt-key=005056B0331B1EE888EF831BEF037191 ) ne devrait pas être inutile. Les deux principales questions auxquelles il faudrait être en mesure de répondre sont les suivantes : des effets bénéfiques ou délérères générés par les applications de cette technologie, lesquels doit-on retenir pour l’avenir de l’humanité et sera-t-il toujours possible de garder le pouvoir sur des machines qui ne ressembleront plus en rien à des machines ? En effet lorsqu’un artifice dépasse largement les capacités de celui qui l’a construit on a tout lieu dêtre inquiet. Il est à craindre que les lois d’Isaac Asimov ne soient plus respectées. L’inquiétude est d’autant plus grande que le vocabulaire choisi à propos de ces constructions est celui que l’on utilise pour l’homme : intelligence, cognition, compréhension comme si les concepteurs avaient déjà anticipé la suprématie de leur création. Est-ce voeu pieux de répéter que la machine n’est que ce que l’homme veut qu’elle soit et qui le croit encore ?