Après la langue de Molière, nous venons d’entrer dans le temps du langage des vers ronds encore dits némathelminthes, espèce dont fait partie le Caenorhabditis elegans. Ce tout petit organisme a été introduit par Sydney Brenner en 1970, et est devenu célèbre par un prix Nobel en 2002 qu’il a fait obtenir à Sydney Brenner, John Sulson et Robert Horvitz. Cet infiniment petit parle par « sentences » (How worms use chemicals to communicate, http://www.digitaljournal.com/article/318538). Que l’on se comprenne bien, il s’agit d’un langage de nature chimique qui organise le fonctionnement biologique et social du dit vers. Ainsi, après avoir comparé des individus sauvages et des individus de laboratoire, il est devenu évident que ces vers étaient en mesure de construire des « sentences » ayant au moins trois significations : « rassemblement, dispersion, ordre « . Pour les chercheurs il devient maintenant de première importance de « comprendre » comment ces vers se « comprennent » ! Ensuite ils deviendra urgent de comprendre comment/si les humains se comprennent !
Archive for janvier, 2012
De quelle langue parle-t-on ?
samedi, janvier 28th, 2012Champignons magiques
vendredi, janvier 27th, 2012Baudelaire, Sherlock Holmes, mais aussi tous ceux qu’inspirent les substances psychotropes, risquent d’être particulièrement déçus après la lecture du dernier article des Proceedings of the National Academy of Sciences rapporté par Scientist (Scanning the Psychedelic Brain, http://the-scientist.com/2012/01/23/scanning-the-psychedelic-brain/) En effet s’il existe une modification, elle se fait dans le sens d’une diminution de l’activité cérébrale et de la connectivité ! Après avoir vaincu les difficultés d’une telle expérimentation, les études sur le flux sanguin cérébral ont pu être menées (IRM fonctionnelle). Les modifications portent sur deux régions principalement : le cortex médian préfrontal en acord avec ce qui est connu de la physiologie de cette zone, ainsi que le cortex cingulaire postérieur, ce qui est moins facilement explicable. Il existerait pourtant un effet stimulant dans des cas de dépressions. Serait-on en droit d’administrer « sous certaines conditions » de la psylocibine, tout en sachant qu’une porte sur la dépendance risque d’être ouverte ? La question reste posée. Autre question, dont certains pourraient trouver qu’elle est secondaire : mais où se loge donc la créativité artistique qu’une administration de pspychotropes pourait majorer ?
Mens sana in corpore sano
vendredi, janvier 20th, 2012Vient de paraître dans Nature un article concernant le rôle bénéfique de l’autophagie cellulaire (Exercise-induced BCL2-regulated autophagy is required for muscle glucose homeostasis). Si l’on savait empiriquement que l’exercice était bon pour la santé, on ne savait pas encore de quelle façon(http://the-scientist.com/2012/01/18/cellular-workout/). Il s’agit d’un mécanisme cellulaire interne, qui recycle les déchets en produisant de l’energie, ce qui fait de lui, un facteur de cette homéostasie si chère aux anciens . Différents types de souris transgéniques ont permis de vérifier l’hypothèse selon laquelle l’exercice stimulait l’autophagie, et de vérifier le rôle du Bcl2, protéine particulièrement impliquée dans cette action. Il n’est donc pas absurde d’imaginer que l’augmentation de ce processus pourrait conduire à imiter un mécanisme régulateur, ce qui est d’autant plus intéressant qu’il semble exister un lien avec le diabète. S’il reste toujours la même question : l’homme peut-il imiter la nature sans créer des dommages collatéraux en croyant au contraire à une amélioration de ladite nature, il reste aussi toujours la même conclusion : la vulgate se trouve validée par la recherche, qui elle même n’est qu’un dévoilement (cf Heidegger ) !
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ?
mercredi, janvier 18th, 2012Impossible de nier que la levure soit un organisme simple dont l’homme use et abuse ! Certainement avec raison, puisqu’elle est capable de lui apporter de précieuses informations dans de nombreux domaines. Le dernier en date (http://the-scientist.com/2012/01/16/evolving-multicellularity/) concerne la question de l’acquisition de la multicellularité. Il s’agit d’un thème, qui s’il ne rejoint pas vraiment la quête de l’origine de l’univers, fait partie intégrante de la quête de l’origine des espèces. La mise en place de la multicellularité peut en effet être interprétée dans une option téléologique, comme la mise en commun d’unités pour le bien d’un ensemble. Il est bien sûr impossible de recréer une évolution de 200 millions d’années. Pourtant la levure peut venir à la rescousse des chercheurs. Ceux-ci ont en effet obtenu, à partir d’organismes unicellulaires, de nouvelles entités qui résultent de divisions incompètes où des cellules filles restent accolées à la cellule mère ! La question est maintenant de savoir quelles sont les molécules et les gènes qui sous tendent de tels changements ? Comme on peut le constater, une fois encore il n’ y a pas « d’être inférieur » puisque chacun du fait même de son existence valide une étape de l’évolution de l’humanité.
Ethic or not Ethic ?
dimanche, janvier 15th, 2012La recherche pourrait-elle étre dangereuse (http://the-scientist.com/2012/01/13/the-risks-of-dangerous-) ? Mais de quelle recherche parle-t-on ? De celle qui « fabrique » cinq macacus chimères ou de celle qui « concocte » des armes biologiques potentiellement plus dangereuses les unes que les autres ? Pour faire simple, ce dernier article peut se résumer à deux questions : la recherche doit-elle être conduite (en filigrane, de l’argent doit-il lui être imputé ?), les résultats doivent-ils être publiés ? avec une réponse conclusive : mise en place d’un protocole capable d’établir le rapport exact entre bienfaits et méfaits … On voit facilement, premièrement que ces questions seraient tout aussi pertinentes appliquées à la « fabrication »de chimères ainsi qu’à d’autres domaines de recherche, mais que deuxièmement la réponse pourrait ne pas être conclusive : obtenir une certitude à partir de virtualités ? C’est de cette incertitude que se nourrit le principe de précaution, pourvoyeur d’autant de bienfaits que de méfaits ! On voit combien multiples sont les questions, dont la première pourrait être « Faut-il réfléchir avant de se trouver dans la situation où il devient indispensable de se les poser, ou bien encore, impossible de ne pas se les poser ? » Et dans quel sens doit-on ranger les trois termes suivants : réflexion, question, action ? certainement pas selon l’ordre alphabétique !
Un cil, pourquoi faire ?
samedi, janvier 14th, 2012Si l’homme a conservé d’un putatif ancêtre unicellulaire la motilité ciliaire, il l’a grandement accrue en fabriquant des cellules riches de plusieurs centaines de ces différenciations. Les cellules ciliées sont impliquées dans différents organes auxquels elles confèrent une fonction importante, celle de mobiliser des milieux liquides qui peuvent être de différents types. Une première protéine, Fox11, était déjà connue pour son rôle dans la mise en place d‘un seul cil, mais quelle activation de ce gène pouvait-elle amener à multiplier cette différenciation apicale ? En travaillant sur le Xenopus laevis, une nouvelle protéine, appelée multiciline, a pu être mise en évidence (http://www.salk.edu/news/pressrelease_details.php?press_id=536) . L’inactivation de son gène inhibe la mise en place de cellules « multiciliées » au contraire de son activation, qui bien sûr l’autorise. L’oesophage de l’embryon humain, comme celui de la grenouille, comporte des cils qu’il perd secondairement. La grenouille, qui elle conserve toute cette potentialité, pourrait ainsi rester, d’une certaine façon un modèle pour l’homme ! Elle ne se transformera toujours pas en prince charmant, mais elle pourra aider à « réparer » des cellules ciliées humaines défectueuses.
Iron Man
jeudi, janvier 12th, 2012Iron Man, comics américain datant des années 1960, est une réalité ! Ce héros du futur, caractérisé par son exosquelette de métal a enfin trouvé sa place aujourd’hui dans la vie réelle, l’article de Ruth Williams en fait foi (http://the-scientist.com/2012/01/09/iron-builds-a-better-brain/). On savait le fer indispensable au développement cérébral. On démontre aujourd’hui que même chez les adultes en bonne santé, des variations du taux de fer nuisent à l’intégrité du parenchyme cérébral, plus spécifiquement à la substance blanche, c’est à dire encore à la myéline. Pour explorer l’hypothèse d’un facteur génétique qui pourrait être en rapport avec cette variabilité, des études ont été réalisées chez des jumeaux mono et dizygotes. Il semble bien que l’existence d’un polymorphisme au niveau d’un des deux gènes impliqués dans l’absorption cellulaire du fer puisse avoir son importance. L’étape suivante serait de rechercher une corrélation entre ce polymorphisme et une meilleure foncion cérébrale, pas seulement au décours de l’adolescence mais aussi lors de la sénéscence. Ainsi le mythe du héros invicible, Iron man en l’occurence, vient-il s’inviter « d’une certaine façon » dans la réalité démontrant ainsi que c’est bien la réalité qui valide la fiction !
Un peu d’épistémologie !
jeudi, janvier 12th, 2012Il est toujours utile de revenir « aux fondamentaux » pour apprécier le chemin parcouru. Depuis la théorie cellulaire enoncée par Virchow, résultat de nombreuses années d’observation et de réflexion, quelle épopée ! C’est ce que fait vivre le dernier article de N.A Wright et R. Poulsom (http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/path.v226.2/issuetoc) dans leur dernier article « Omnis cellula e cellula« . La lecture n’est jamais qu’un raccourci saisisssant, mais la conclusion mérite un petit arrêt. Tel Saint Paul, Virchow, en son temps, se mit à croire à la division cellulaire. On n’ose pas envisager ce qui se serait passé, ou plutôt ce qui ne se serait pas passé s’il n’avait eu cette révélation ! D’un autre côté, il ne pouvait pas ne pas l’avoir ! Ce n’était qu’une question de temps, une question de rupture épistémologique, comme le préconisait G. Bachelard. Et c’est du haut d’un Walhallad dédié à la pathologie que tous ces maîtres regardent le monde de la biologie avancer en posant pierre sur pierre pour un ouvrage sans fin ; ce n’est pas un mouvement perpetuel, c’est la poièse dans toute sa beauté !
Prédateur, vous avez dit prédateur ?
samedi, janvier 7th, 2012Qu’est-ce qu’un prédateur ? Deux articles en ce debut d’année 2012 vont certainement donner à réfléchir sur ce sujet. Le premier constitue un démenti flagrant à tous ceux qui ont affirmé à leurs enfants que « Les petites bêtes ne mangeaient pas les grosses » (http://the-scientist.com/2012/01/01/animal-mind-control/). A le lire, on reste confondu devant la sophistication de certains des comportements des infiniment petits : ou, comment se défendre quand on n’est pas de taille ! Encore qu’il s’agisse non pas de défense mais plutôt d’une stratégie de survie, en dehors de laquelle point de salut. Le second constitue un démenti flagrant à tous ceux qui n’ont jamais cru aux chimères mythologiques, puisque viennent de naître en parfait état « de marche » cinq primates obtenus à partir de cellules d’embryons âgés de quatre jours mais prélevées sur six macacus resus différents (http://the-scientist.com/2012/01/05/worlds-first-chimeric-). Les premières chimères datent des années 1980, mais aucune n’avait encore été obtenue à partir de primates ce qui invite à de nouveaux champs d’investigation. En effet des tests effectués chez trois des foetus obtenus ont montré que tous les tissus et organes renfermaient un mélange de cellules portant les différents génomes. Il y avait eu coopération cellulaire sans jamais de fusion. S’il ne s’agit pas de la chimère mythologique, tête de lion, corps de chèvre et queue de dragon, on peut néanmoins s’interroger sur la symbolique. Si la première crachait du feu et dévorait les humains et dut être anéantie par Bellérophon, qu’en sera-t-il de la dernière née ? Serait-on, comme d’aucuns le prédisent en chemin vers l’homme auto-prédateur !