Une fois n’est pas coutume, osons aborder un thème sociétal presque aussi vieux que le monde, prenant probablement date avec l’avènement de l’homo sapiens. Est-on en droit de parler d’intemporalité quand il s’agit d’insérer la finitude humaine dans une dimension dont on ne connait ni le début ni la fin ! Car c’est bien ce dont il est question dans Memento mori: it’s time we reinvented death (http://www.newscientist.com/article/mg21628872.900). Parmi les idées que cet article brasse, pourquoi ne pas s’arrêter à la première d’entre elles ? Comment parle-t-on de ceux qui ont disparu ? Comme H. Bergson le fait bien remarquer, si devant une page en prose, “… je dis, il n’y a pas de vers… ” il est impossible de “… voir une absence de vers … “ ! Ainsi le mort ne peut-il être ni un non-humain, ni un ex -humain ! Il est significatif de voir que l’on n’imagine même pas que celui qui n’est plus, pourrait ne plus être humain ce qui sous entend que sa disparition ne peut pas lui enlever sa qualité d’humain (homo/anthropos) tandis que disparaît totalement celle d’homme vs femme (vir/andros). C’est quand on se sent confronté à l’idée du vide que l’on pourrait avoir envie de suivre Parménide. Pour ce philosophe présocratique, si l’être est tandis que le non-être n’est pas …, … le vide comme non être ne peut exister !
Archive for octobre, 2012
Memento mori
vendredi, octobre 26th, 2012La mouche qui convulsait !
mercredi, octobre 24th, 2012Les convulsions hyperthermiques de l’enfant sont une source d’angoisse pour tous les parents qui y ont été confrontés une fois dans leur vie. De là à imaginer qu’une mouche pourrait y apporter une solution, il n’y avait pas qu’un pas qui pourtant vient d’être franchi grâce à la technique du knock in (New fruit fly model of epilepsy reveals mechanisms behind fever-induced seizures, http://today.uci.edu/news/2012/10/nr_odowd_121017.php). A l’inverse de la technique du knock out qui étudie les effets de l’invalidation d’un gène, le knock in correspond à une insertion. Dans le cas présent, la connaissance des effets du gène mis en cause dans l’épilepsie généralisée avec convulsions fébriles (GEFS+) pourrait permettre une prise en charge efficace de ces malades dont l’avenir reste parfois incertain. L’anomalie semble concerner les canaux sodium qui ne s’ouvriraient ni ne se fermeraient correctement, induisant des modifications des signaux électriques neuronaux. Mais quel était donc le thème du film ” La Mouche ” ? Quelle intuition !
Dératiseur un jour, dératiseur toujours
lundi, octobre 22nd, 2012On savait déjà que les cafards (Règne : Animalia, Embranchement: Arthropoda, Sous-embr : Hexapoda, Classe : Insecta, Sous-classe : Pterygota, Infra-classe : Neoptera, Super-ordre : Dictyoptera, Ordre : BlattariaLatreille, 1810) résistaient depuis des “millions” d’années aux attaques que mène l’homme à son encontre depuis presque aussi longtemps. Ce que l’on apprend c’est qu’il existerait aujourd’hui un autre animal ayant également acquis des propriétés de résistance : le rat [Nom commun ou nom vernaculaire ambigu. Parmi les Myomorpha, principalement famille des Muridae, principalement sous-famille des Murinae, principalement genre Rattus (exclusivement des rats) dont les plus connus : Rattus rattus, Rattus norvegicus, Rattus exulans]. C’est un fait, il existe donc de super rats (Super rats’ develop genetic immunity to standard poisons, http://phys.org/news/2012-10-super-rats-genetic-immunity-standard.html) dont le système immunitaire a développé une résistance efficace aux poisons dits conventionnels ( warfarin, bromadiolone and difenacoum), résistance transmissible ! Et même si Monsieur de La Fontaine en a fait le plus souvent un animal intelligent avec lequel il faut savoir compter, on connaît plusieurs désagréments en rapport avec cette population de rongeurs, la propagation d’épidémies dévastatrices en particulier. Quoiqu’il en soit, cet article confirme une fois encore qu’Epiméthée n’a pas distribué n’importe quoi à n’importe qui. Le rat n’a pas été plus mal servi que le cafard !
Légende et réalité !
dimanche, octobre 21st, 2012Combien nombreuses sont les expressions familières où mention est faite du sang, combien nombreuses sont les légendes sur le même sujet, combien nombreuses les interprétations ! L’idée selon laquelle le sang est assimilé à la vie parcourt les âges et les contrées, donnant naissance à des croyances qui ont alimenté de nombreuses légendes dont certaines plus terrifiantes que d’autres. On peut difficilement prendre l’article Young blood really is the key to youth (http://www.newscientist.com/article/mg21628874.000-young-blood-really-is-the-key-to-youth.html) pour un démenti ! Bien sûr, une fois encore il ne s’agit que de souris, mais un sang neuf serait en mesure de renverser le déclin cognitif de nos animaux de laboratoire préférés (?). Bien sûr, une fois encore , les chercheurs n’ont pas identifié le responsable. Mais surtout, une fois encore les légendes prennent corps et qui plus est scientifiquement ! Prométhée ne voyait-il pas son foie se régénérer chaque nuit ? Bruno Bettelheim a interprété les contes de fées, relisons nos textes anciens pour aider nos chercheurs !
Qui suis-je ?
vendredi, octobre 19th, 2012Pas facile de reconnaître une cellule souche, si cela l’était, cela se saurait ! Il en est ainsi pour l’endothélium vasculaire comme des autres cellules de l’organisme. Pourtant les méthodes de détection se sont améliorées, mais tant qu’une cellule n’est pas définie par une molécule qui lui est spécifique, aujourd’hui il s’agit souvent de molécules de surface, la prédiction reste aussi efficace que celles de Mme Irma ! Il faut parfois trier une très grande quantitié de cellules dont on suppose qu’elles sont des cellules souches pour en obtenir quelques unes qui pouraient répondre à la définition. Mais il se pourrait que la cellule souche endothéliale ait été “trouvée” (New stem cell discovered which grows new blood vessels, http://www.examiner.com/article/new-stem-cell-discovered-which-grows-new-blood-vessels). Les implications sont de deux ordres : réparation tissulaire et néoplasies malignes. Si cet article garde tous son intérêt en ce qui concerne le but affiché, il laisse néanomoins son lecteur sur sa faim : il est vide de toute indication pratique concernant la reconnaissance des dites cellules ! Les articles doivent-ils simplement prendre date comme s’il s’agissait d’un brevet, c’est l’implication économique qui prendrait alors le dessus !
Une famille pas comme les autres !
dimanche, octobre 14th, 2012Il n’y a pas encore si longtemps l’étudiant, aussi bien que le pathologiste confirmé, savait tout de la protéine Bcl-2 dont le gène est situé sur le chromosome 18. Elle était donnée comme un facteur impliqué dans le phénomène de l’apoptose, c’est à dire de la mort cellulaire programmée. Il semble bien comme c’est souvent le cas, que l’on soit aller un peu vite en besogne. Que la protéine agisse sur la perméabilité de la membrane mitochondriale externe et soit, dans la cascade des évènements l’un des premiers et qui plus est irréversible, reste vrai. Mais il semble bien qu’elle appartienne à une famille complexe puisque la fonction apoptotique se double d’une fonction anti apoptotique et surtout que ses modes d’action sont loin d’être tous connus (The secrets of the Bcl-2 family, http://www.nature.com/cdd/journal/v19/n11/full/cdd2012105a.html?WT.ec_id=CDD-201211). Ce qui une fois encore pose la question de savoir s’il faut savoir comment ça marche, si l’on sait ce qui marche ? Et ce d’autant que, au jour d’aujourd’hui, cette grande famille de protéines est largement représentée dans de nombreux processus physiologiques normaux et pathologiques. Ce qui pose également la question du normal et du pathologique. Pour ces auteurs, heureusement, il existe des techniques sophistiquées qui permettraient d’avancer vers la solution. Il ne s’agit ni plus ni moins que de la technique dite de “redistribution de fluorescence après photoblanchiment”. Ce qui pose la question de savoir si la technique est libératrice ou aliénante. S’il ne répond pas encore aux questions posées par la famille des protéines Bcl-2, le moins que l’on puisse dire, c’est que cet article en pose de nombreuses autres !
Quand la peau ne sera plus cause de chagrin !
samedi, octobre 13th, 2012La peau est un miroir de l’être et probablement la plus grande surface du domaine lié à l’ immunité. Qu’elle soit également un reflet sociétal ne doit pas être considéré comme une nouveauté. L’être humain peint son corps depuis longtemps et les symboliques qui s’y rattachent sont légion à la fois dans le temps et dans l’espace. Mais elle constitue aussi le premier signe auquel se réfère le racisme primaire, probablement parce que l’histoire a inscrit la pigmentation dans un rapport avec la valeur de l’homme. Cette idée ayant séduit pas sa simplicité a donc été largement adoptée, devenant de facto un argument idéologique de poids, incontournable, dirait-on aujourd’hui. L’article, True Colors (http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/32655/title/True-Colors/) a le mérite d’aborder ce problème spécifique. Apprendre à l’homme à se protéger des UV semble plus facile que de lui apprendre à se protéger de celui qui n’a pas la même couleur de peau que lui !
Nobel de Physiologie et Médecine, 2012
vendredi, octobre 12th, 2012A tous ceux qui veulent vraiment se tenir au courant mais pas uniquement pour briller dans les cercles de conversations parisiens, il faut conseiller deux lectures et trois conférences. La première lecture colle à l’actualité sous le titre Reprogrammed Cells Earn Nobel Honor (http://news.sciencemag.org/sciencenow/2012/10/physiology-or-medicine-nobel.html). On y traite rapidement des deux heureux lauréats et non moins rapidement de leurs travaux. La seconde est un texte plus ancien (2005) de N. le Douarin sur Les ARN interférents: une nouvelle clé pour comprendre le génome, (http://www.academie-sciences.fr/activite/prix/S151105_ledouarin.pdf). Mais pour compléter et élargir le débat, tout en revenant aux lauréats, il n’est pas inutile d’écouter les trois conférences qu’elle a données à la Cité des Sciences (2008) à propos des cellules souches (http://www.cite-sciences.fr/fr/conferences-du-college/programme/c/1239026846457/les-cellules-souches/p/1239022827697/). Depuis l’époque des chimères caille-poulet dont elle est “l’inventeur“, N. Le Douarin ne cesse d’explorer les domaines qui s’attachent au développement en général tout en le dépassant. Comme G. Canguilhem, elle aborde Le normal et le Pathologique, mais c’est son approche qui lui permet d’expliquer le premier par le second. La science est belle quand elle est riche d’espoirs.
Que faut-il jeter aux orties ?
lundi, octobre 8th, 2012Le vieux et le neuf, on n’en finit pas de naviguer de l’un à l’autre à tel point que l’on ne sait plus qui est qui, en médecine comme ailleurs ! Témoin l’article New cures sought from old drugs (http://www.nature.com/news/new-cures-sought-from-old-drugs-1.11510). La pharmacopée est ancienne, Esculape le premier avait déjà quelques armes en sa possession. Les résultats obtenus dans la Progéria à partir d’une drogue qui ne lui était pas destinée, mais qui s’était avérée inefficace au regard de la cible prévue, ne sont pas les seuls de ce type. De nombreux médicaments ont déjà fait la preuve de leur efficacité dans une pathologie à laquelle ils n’étaient destinés. Et c’est bien. Malheureusement l’envers du décor, c’est l’utilisation détournée de médicaments qui au lieu d’être bénéfiques deviennent alors particulièrement nocifs. L’actualité est aussi riche en ce genre d’exemples. Peut-on parler de détournement positif dans un cas, et de détournement négatif dans l’autre ? Il existe pourtant un lien en commun : c’est l’ ECONOMIE !
Il y a loin de la coupe aux lèvres …
dimanche, octobre 7th, 2012Voilà qu’un nouvel article s’intéresse aux péricytes dans le système nerveux central. Le dernier en date d’avril 2012, celui-ci six mois plus tard (Growing New Neurons, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/32720/title/Growing-New-Neurons/). Même s’il semble plus prometteur que le précédent, cet article laisse encore très songeur. Bien que les auteurs aient réussi à cultiver du tissu cérébral humain prélevé chirurgicalement, bien qu’ils aient réussi à transformer des péricytes de ce prélèvement en neurones grâce à l’action de deux facteurs de transcription déjà connus, Mash 1 et Sox 2, bien qu’ils aient réussi cette même transformation sur des cultures de cerveau de souris, de nombreuses questions demeurent. La première : les auteurs n’expliquent pas encore cette transformation, la seconde : les résultats sont qualitativement bons, mais quantitativement insuffisants. La première question en appelle une autre : Est-il indispensable de comprendre un processus quand les résultats sont au rendez-vous ? Malheureusement/heureusement la seconde invalide la première : l’efficacité du procédé est insuffisante ! Il faudra encore s’armer de patience et dans cette optique éviter de dévoiler des résultats qui pourraient donner lieu à des interprétations trop porteuses d’espoir.