Archive for juillet, 2012

La mouche et l’homme

mardi, juillet 31st, 2012

La drosophila melanogaster elle aussi, partage avec l’homme une partie de son génome, environ les deux tiers ! Normal donc qu’elle fasse à ce point partie de l’arsenal dont se sert l’homme pour s’étudier, et ce d’autant plus qu’il s’agit d’un matériel à la fois bon marché et dont les générations se succèdent à un rythme tel qu’une seule génération de chercheurs pourra suivre de très nombreuses générations d’individus : une femelle peut pondre de 200 à 300 oeufs et on peut obtenir de 26 à 28 générations par an ! Cet animal est donc particulièrement bien adapté à l’étude de modifications génétiques dont on sait combien elles sont impliquées dans les processus néoplasiques ( Fruit Flies Light The Way For A*STAR Scientists To Pinpoint Genetic Changes That Spell Cancer, http://www.a-star.edu.sg/Media/News/PressReleases/tabid/828/articleType/ArticleView/articleId/1685/Default.aspx). Un des problèmes concerne le fait que les modifications génétiques ne cessent de se produire depuis le développement du cancer, puis durant sa progression et sa dissémination. On voit donc combien se modèle est adapté ! Autre attrait, de nombreuses voies de signalisation dans la formation tumorale sont conservées de la mouche à l’homme. Ainsi la drosophila melanogaster, par tout ce qu’elle partage avec l’homme, lui est indispensable ! La mouche pour l’homme n’est pas une mouche du coche …..

 

 

 

Dans le cochon, tout est bon !

mardi, juillet 31st, 2012

On le savait déjà, mais peut-être pas sous cet angle “Piglets in mazes provide insights into human cognitive development” (http://shared.aces.illinois.edu/content/piglets-mazes-provide-insights-human-cognitive-development). De nombreuses similitudes étaient déjà connues, comme celle concernant le développement du cerveau chez le porc et chez l’homme, même si la durée est plus courte chez le premier. D’où l’idée que des évènements intervenant durant les premières semaines chez le porcelet pourraient faire l’objet d’études analogiques dans une période proportionnellement équivalente chez l’homme. Que pensez-vous qui fut le plus difficile ? Trouver la bonne récompense pour un porcelet en but aux tracasseries de chercheurs attentifs. Et le gagnant fut …… Nesquik™  ! Encore une ressemblance supplémentaire entre les petits humains et les porcelets. La recherche offre parfois des résultats troublants….

Liaison fatale !

samedi, juillet 28th, 2012

Que pourrait-il y avoir en commun entre un bel indifférent et une vaste nébuleuse. “Focus on neuro-immune interactions” en apprend de belles à propos de liaisons entre le système nerveux et le système immunitaire !   (http://www.nature.com/neuro/journal/v15/n8/full/nn0812-1055.html?WT.ec_id=NEURO-201208). Bien que séparé du reste de l’organisme par une barrière classiquement réputée pour être infranchissable, le cerveau abrite des cellules résidentes parfaitement adaptées non seulement à de nombreux types d’atteintes du système nerveux, mais encore à des processus de réparation. En voici quelques exemples : certains neurones récepteurs possèderaient des molécules de surface identiques à celles de cellules immunitaires, des récepteurs de type P2X4R appartenant à la microglie seraient reponsables d’un certain type d’hypersensibilité nociceptive, il existerait des interactions entre des cellules nerveuses souches et des cellules immunitaires, des prostaglandines seraient impliquées dans le “sickness syndrome” dont il a déjà été question. Mais ce qui marche dans un sens peut aussi marcher dans l’autre.  Le poste de commandement cérébral est parfaitement apte à influer sur les réponses  immunitaires au niveau périphérique. Donc pas de face à face entre le bel indifférent et la vaste nébuleuse, mais une coopération normalement harmonieuse de tous les instants pour le plus grand bien de l’organisme. C’est Finalité contre Mécanisme, faut-il choisir ?

Quid novi ?

jeudi, juillet 26th, 2012

Que du vieux  en cette période estivale ? Loin de là si l’on se réferre au forum intitulé “Science of Science Communication”. Enfin quelques réflexions à propos de l’unviers scientifique actuel tel qu’il est ressenti dans ses rapports avec la société. Bien des idées se propagent et même si on les croit fausses, elles ressemblent en cela à la médisance : il en reste toujours quelque chose ! Le constat se veut-il ou bien est-il alarmant (Opinion: Scientists’ Intuitive Failures, http://the-scientist.com/2012/07/23/opinion-scientists-intuitive-failures/)? Les américains ne croient plus les scientifiques, le journalisme scientifique est mort, les médias du divertissement font la promotion d’une culture anti-scientifique, le problème vient du public mais ni des scientifiques ni des décideurs enfin les points de vue politiques n’influencent pas les jugements des scientifiques. Cinq façons d’envisager les rapports qu’entretiennent la société et le monde des sciences à propos desquels on peut se poser la question de savoir s’il existe un ou des responsables. Bien sûr, la cité n’est pas idéale puisque celui qui est à sa tête n’est pas un philosophe-roi : donc tout est loin d’être parfait ! Science et société ne feraient donc pas bon ménage ? C’est tout le paradoxe du XXI° siècle.  En effet jamais la science n’a été aussi intégrée à la société, tandis que dans le même temps, jamais la science a aussi peu été expliquée. En un mot elle est à la fois, redevenue magique et devenue vulgaire, et c’est la pire des choses qui pouvait lui arriver !

Qu’est-ce que l’art ?

lundi, juillet 23rd, 2012

Comment peut-on dire d’une oeuvre qu’il s’agit d’une oeuvre d’art ? Si le clacissisme a fait depuis longtemps ses preuves, il n’en est pas de même avec l’art moderne. Quoique le devenu classique fût moderne en son temps ! Cette question intemporelle chacun se la pose depuis des temps immémoriaux sans pouvoir y répondre de façon définitive. Pourquoi une oeuvre trouve-t-elle un écho chez l’un et pas chez l’autre, pourquoi la singularité plutôt que l’universalité ? Pour tenter d’apporter, non pas une réponse mais des éléments de réponse, des études de neurophysiologie avaient déjà essayé d’établir des corrélations entre zones du cerveau et réponses spécifiques à telle ou telle image. L’article dont il est question,  Get the picture? Art in the brain of the beholder (http://www.newscientist.com/article/mg21528732.000-get-the-picture-art-in-the-brain-of-the-beholder.html?full=true) a choisi d’aborder ce célèbre débat des classiques et des modernes comme par exemple “Pourquoi aime-t-on un tableau de Pollock ? ” par un autre voie d’accès. Cette nouvelle approche c’est celle de la neuro-esthétique (exemple typique de la novlangue !). Le but est d’envergure : essayer d’apporter une once d’objectivité pas plus mais pas moins non plus dans un domaine où la subjectivité domine. Il n’est pas sûr que les auteurs y soient parvenus. Pourtant les résultats obtenus à partir de différents types d’expériences visuelles menées sur des volontaires  dont certaines avec IRM cérébrale, ouvrent des champs intéressants. Il n’en reste pas moins que s’il est facile de plaquer sur une oeuvre classique une foule de vécus personnels plus ou moins entiers, il n’est pas non plus impossible que tout le sensible connu antérieurement ne se projette inconscienmment dans de simples lignes et/ou de simples couleurs. Il ne s’agirait alors que de rappels simplifiés mémorisés, enfouis, refaisant surface. Il se peut alors que de ce simple sentiment d’harmonie jaillisse la sensation du beau !

Quoi de neuf Janus ?

samedi, juillet 21st, 2012

Janus où le dieu aux deux visages, celui qui ouvrait et fermait les portes des romains, celui qui aurait inventé la monnaie, c’est à dire aussi le côté pile et le côté face des pièces, Janus donc, reste un dieu non pas bien inquiétant façon Georges Brassens, mais un dieu d’une actualité toujours vraie. Il n’est pas de mois où ne paraisse un article traitant de la double face d’un processus, d’un système, d’une action dont on croyait tout connaître. Ainsi en est-il aujourd’hui de l’interprétation que l’on peut tirer des voies de l’inflammation (Depression and sickness behavior are Janus-faced, responses to shared inflammatory pathways http://www.biomedcentral.com/content/pdf/1741-7015-10-66.pdf). Quand il s’agit de comparer cliniquement  dépression et conduite adaptative à la maladie, l’évidence ne saute pas aux yeux, mais la comparaison par le biais de la biologie est beaucoup plus convaincante. Ce qui est le plus important aujourdhui n’est pas tant d’avoir plus finement explicité ce qui avait été suspecté dès 1993, mais plutôt d’avoir toujours à l’esprit qu’un système ne fonctionne jamais dans un seul sens, qu’une pièce a toujours deux faces, que la complémentarité est un stade plus accompli que la dualité. Le Yin et le Yang auraient-ils encore frappé ?

… si cela ne fait pas de bien, au moins cela ne fait pas de mal …..

lundi, juillet 16th, 2012

Si la vulgate a souvent raison, parce qu’elle est l’expression du sens commun, il se peut que certaines de ses affirmations pourraient/devraient être remises en cause. C’est là justement où réside toute la difficulté de la démarche : démonter une idée reçue pour démontrer sa fausseté ! L’article dont il est question (Alternative Medicines |http://the-scientist.com/2012/07/01/alternative-medicines) ne peut pas, “c’est une évidence” réaliser une enquête exhaustive et seuls quelques sujets pouvant “coller” avec le titre y sont développés. Le problème est de savoir comment passer d’une idée reçue à un résultat construit. La première appartenant plutôt au domaine de l’irrationnel, le second à son contraire. Il semble bien que les sujets choisis par les auteurs, à l’exception peut-être du premier, ne concernent que des domaines où l’expériementation rigoureuse reste un leurre. Or comment peut-on raisonnablement aborder le problème du placebo, comme celui du nocebo, de façon quantitative quand on nage en plein qualitatif ! Par ailleurs, il est clair que dans certains des choix des auteurs, la culture sociétale et politique avec ses pressions positives aussi bien que négatives risque de contaminer les résultats et distille le doute plus qu’il n’instaure la certitude. On est alors en droit de se poser la question de savoir quelle est la raison de l’article sus-dit. En d’autres termes pourquoi in fine écrit-on un article ? Poser des questions c’est bien, à condition de donner des outils, aujourd’hui on dirait des pistes, pour y répondre !

… les antibiotiques, c’est pas systématique ….

dimanche, juillet 15th, 2012

Deux dates à retenir pour la discussion : A. Flemming découvre par inadvertance en 1928, la pénicilline et en 1953, Maxwell Finland et Louis Weinstein coécrivent un article qui attire l’attention sur les effets néfastes de l’antibiothérapie (Perspective, http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMp1205847?query=TOC) . Bien qu’ils n’aient à cette date en leur possession, qu’une palette encore restreinte d’antibiotiques, ces auteurs anticipent la création de ce qu’ils qualifient de nouveau monstre dans le domaine de la santé en comparaison des bons staphilocoques et streptocoques d’antan ! Pourtant malgré cette mise en garde prophétique, la course aux antibiotiques empruntaient une double direction : prescription et fabrication. Plus on prescrivait, plus, parallèlement, on demandait à la recherche de nouvelles générations. Puis vint le temps de la contrition. Reconnaissant enfin la faute, il devint utile de tout jeter aux orties sans prendre en compte ce qui avait été sauvé. Deux attitudes pas si contraires qu’elles en ont l’air puisqu’elles sont l’expression de l’absurdité du tout ou rien que l’homme adopte régulièrement, tel le balancier de l’horloge. Il est loin le temps où la vertu d’Aristote consistait en un choix assis sur la raison puis la délibération, de mesure en tout.

Pourquoi vivre en société

jeudi, juillet 12th, 2012

Il est plus que certain que l’abeille n’a pas conscience de l’étendue des bienfaîts qu’elle retire de sa vie au sein de la ruche (Bees Reverse Brain Aging |http://the-scientist.com/2012/07/06/bees-reverse-brain-aging). Il en est de même pour le B. thuringiensis quand il infeste la chenille mangeuse de choux(Bacterial Exploitation | http://the-scientist.com/2012/07/05/bacterial-exploitation/). La première ne sait rien du vieillissement de son cerveau en rapport avec ses tâches. Le second n’est pas plus au courant du fait que s’il ne produit pas de toxine, il peut utiliser un congénère qui en produit et ainsi se faire aider par lui ! Il existe bien dans ces deux cas, une coopération agissante entre des individus de même espèce au sein d’un groupe. Il s’agit donc bien de sociétés dont l’homme, grâce à sa technologie, découvre combien elles sont nombreuses, complexes et sophistiquées. Mais il ne s’agit là que d’un premier temps, vite oublié au profit de l’utilité que l’homme peut en tirer pour son bénéfice personnel !

“… et je vous apprends que votre fille est muette…”

dimanche, juillet 8th, 2012

Pourquoi un perroquet est-il un perroquet ? (DNA Sequenced for Parrot’s Ability to Parrot http://www.sciencedaily.com/releases/2012/07/120702210229.htm ) ! La réponse est d’importance. D’abord parcequ’il  ne s’agit ni plus ni moins que de décrypter le code génétique qui contrôlerait la façon dont les perroquets apprennent à imiter leurs semblables mais aussi d’autres sons ! Ensuite, certains pourraient même dire surtout,  parceque la connaissance de cette séquence pourrait apporter au domaine des neurosciences des informations sur les régions impliquées dans le développement de la parole chez l’homme. Mais trois raisons valant mieux que deux, c’est aussi la façon d’obtenir ce résultat qui doit être relevée, puisqu’elle témoigne que l’on peut associer avec succès une méthode récente de séquençage qui s’est révélée peu fiable (basée sur l’absence de replication) mais dont on attendait beaucoup, à une méthode plus ancienne qui semblait donc perdre de sa pertinence (utilisation de la replication). En fait l’une comme l’autre pouvait être source d’erreurs, mais l’une et l’autre combinées ont donné des résultats où le pourcentage d’erreur tombait à moins de 0.0001. Vivent les idées qui rapportent gros !