Se faire une opinion n’a jamais été chose facile et aujourd’hui moins encore. Lorsque le temps de la réflexion existait encore, lorsque l’histoire se racontait longtemps après qu’elle se fut déroulée, mais aussi lorsque passion ne supplante pas passion, on peut prendre le temps d’écouter d’autres chants que celui des sirènes. C’est la raison pour laquelle il peut être bon de lire l’article de Scott Denning : Amazon Wildfires Are Horrifying, But They’re Not Destroying Earth’s Oxygen Supply (https://www.livescience.com/amazon-fires-are-not-depleting-earth-oxygen.html?utm_source=ls-newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=20190827-ls). Scott Denning est un climatologue non climato sceptique qui considère que la survenue d’un évènement ne doit pas exclure du raisonnement d’autres évènements concomitants. Ainsi lorsque l’on s’inquiète de la raréfaction de l’atmosphère en oxygène faut-il s’intéresser à tous les facteurs en cause : ne pas privilégier, ne pas exclure. Pourquoi ne parle-t-on pas du rôle des océans dans la production d’oxygène ? Car si on évoque leur réchauffement c’est pour insister sur l’augmentation de niveau et sur la fonte des glaces. Tout se passe donc mais n’est-ce pas l’habitude, comme si l’homme ne pouvait appréhender qu’une chose à la fois ! Ses acquisitions techniques ne lui ont pas permis d’élargir son champ de vision, et il ne comprend pas mieux son monde que son ancêtre écoutant la pythie de Delphes !
Archive for août, 2019
Un article pas comme les autres
vendredi, août 30th, 2019L’Analogie en question
mardi, août 27th, 2019Sans vouloir reprendre les termes de l’article du 01/01/2013, « Que faut-il penser du raisonnement par analogie ? » voici un nouvel article qui explique, dans un cas bien particulier, pourquoi l’application d’un résultat d’une espèce animale à une autre espèce peut receler un vice caché. Depuis le papyrus Ebers (1500 ans avant JC), les connaissances en anatomie ont eu bien du temps pour s’améliorer car les descriptions obtenues chez l’animal et transposées à l’homme se sont trouvées, pour un certain nombre d’entre elles, entachées de bien des erreurs. Ce qui n’empêche pas d’appliquer toujours ce même type de raisonnement, comme en témoigne ce récent article « Brain cells in mice turn on genes that are very different from the ones in human brain cells » ( https://www.livescience.com/mouse-human-brain-differences.html?utm_source=ls-newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=20190823-ls ). S’il est vrai que l’architecture cérébrale chez l’homme et la souris est très comparable, si les cellules en sont identiques à l’échelle du microscope il existe bel et bien des différences à d’autres niveaux en particulier en ce qui concerne les récepteurs cellulaires. Il s’agit d’un système de type serrure/clef à deux niveaux. Logiquement, une serrure ne peut s’ouvrir que si la clef est la bonne mais il faut également que la porte soit la bonne. Dans le cas présent, les portes ouvertes ne sont pas les mêmes chez l’homme et chez la souris : donc ce qui marche chez le second ne marche pas chez le premier ! Avec ce type de raisonnement dit analogique, l’existence d’un niveau de ressemblance entre deux « choses » autorise à faire passer de l’un à l’autre ce que l’on connait de l’un quand on l’ignore encore pour l’autre. Mais la définition stricte de l’analogie est la suivante : A est à B ce que C est à D et tout ce qui est vrai dans le rapport entre A et B, l’est aussi dans le rapport entre C et D. A l’origine il s’agit donc de considérer des égalités de rapports ce qui ne correspond pas exactement à la démarche suivie dans le cas présent et qui tend à montrer que l’on s’est éloigné de la définition même de l’analogie. Devrait-on abandonner ce type de raisonnement et doit-on le considérer comme un frein à la connaissance ? Probablement pas s’il est une étape et non un aboutissement !
Charité bien ordonnée …..
mercredi, août 21st, 2019Ou encore « On n’est jamais si bien servi que par soi-même ». On pourrait penser que la modestie est au nombre des qualités de ceux qui habitent le monde scientifique, or il semble plutôt que pour un certain nombre de ses habitants cet épithète ne puisse être accolé au substantif qui les définit comme le montre une récente étude (Hundreds of extreme self-citing scientists revealed in new database, https://www.nature.com/articles/d41586-019-02479-7?utm_source=Nature+Briefing&utm_campaign=721392e502-briefing-dy-20190820&utm_medium=email&utm_term=0_c9dfd39373-721392e502-43241421).
On pourrait être en droit de se poser deux questions : le scientifique peut-il être modeste et si oui, doit-il l’être ? Mais une première constatation s’impose : tous les scientifiques ne sont pas identiques. Ainsi n’existe-t-il pas un scientifique standard mais des scientifiques et s’il convient de refuser les approximations, le problème n’en devient que plus complexe ! Quand ces « scientifiques » ont besoin de voir leurs travaux suffisamment cités (même par eux-mêmes ) pour améliorer les conditions de leur exercice, on peut y voir une perversion de la société dans et pour laquelle ils travaillent. Car si leurs profils diffèrent leur but est unique ; celui de la recherche de la connaissance même si les moyens d’y parvenir ne sont pas identiques. Cette connaissance ne leur appartient pas et le partage en est indispensable. Ce phénomène de l’auto référence (au quel il ne faut certainement pas adhérer) ressemble plus à une contrainte qu’à un choix personnel et n’a certainement rien à voir avec une auto suffisance inhérente à la personne du scientifique.
Un commencement à tout
vendredi, août 16th, 2019A l’heure où se pose la question de la définition de l’Anthropocène (Humans versus Earth: the quest to define the Anthropocène, https://www.nature.com/articles/d41586-019-02381-2?WT.ec_id=NATURE-20190808&utm_source=nature_etoc&utm_medium=email&utm_campaign=20190808&sap-outbound-id=CEA2A3270602AEAF7EE5AE4E677D86D5D9C1CFC2&utm_source=hybris-campaign&utm_medium=email&utm_campaign=000_CKN6573_0000013755_41586-Nature-EAlert-08-08-2019&utm_content=EN_internal_30753_20190808&mkt-key=005056B0331B1EE888EF831BEF037191), se pose encore et toujours la question du commencement de tout. Parce que s’il est infiniment intéressant de savoir quelles sont les étapes (et comment les définir) de l’avancée de l’humanité, il n’est pas moins intéressant de savoir comment tout a débuté. Or sur ce point précis, les informations se faisaient attendre jusqu’à (peut-être) la parution de cette récente étude Elusive Asgard Archaea Finally Cultured in Labqui (https://www.the-scientist.com/news-opinion/elusive-asgard-archaea-finally-cultured-in-lab–66264) qui lèverait un coin du voile concernant le passage du procaryote à l’eucaryote. On imaginait depuis longtemps que la mitochondrie était le résultat d’une endosymbiose entre archée et bactérie et il se pourrait qu’un même mécanisme explique la présence du noyau caractéristique chez l’eucaryote car des gènes de type eucaryote existent chez ces archées d’Asgard (Prometheoarchaeum). Si le succès de la culture de ce procaryote réputée impossible apporte un argument en faveur de l’acquisition par symbiose, elle n’est pourtant pas preuve absolue car l’origine intrinsèque des composants cellulaires est aussi défendue. Comment doit-on faire pour départager deux théories aussi possibles l’une que l’autre ?
Du crétacé à l’anthropocène
samedi, août 10th, 2019C’est en Août 1971 que la France ratifie le traité de l’espace relatif aux “principes régissant les activités des États en matière d’exploration et d’ utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes“. C’est un traité international signé par les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union soviétique le 27 janvier 1967, ratifié à l’unanimité par le Sénat américain, entré en vigueur le 10 octobre 1967.
Depuis le début de l’aventure spatiale, le petit pas pour l’homme s’est progressivement alourdi de produits extra lunaires d’origine terrestre parmi lesquels il faut compter avec les excréments laissés sur place par les astronautes et que du reste la Nasa aimerait bien récupérer (Des astronautes ont laissé leur caca sur la lune : voici pourquoi il faut aller le chercher, https://www.numerama.com/sciences/477537-des-astronautes-ont-laisse-leur-caca-sur-la-lune-voici-pourquoi-il-faut-aller-le-chercher.html). Quoiqu’il en soit, la « pureté » de l’environnement lunaire a déjà été violé, c’est pourquoi les dernières nouvelles en provenance du premier satellite de la terre ne devraient pas inquiéter outre mesure les scientifiques. Des bactéries/ germes fécaux existaient déjà dans les excréments laissés pour compte sur site et on pense qu’il y a peu de chances pour qu’une quelconque prolifération ait pu avoir lieu. Aujourd’hui c’est le tour de parnathropodes de se retrouver, sans espoir de retour (?), sur le sol lunaire (Tardigrades May Have Made it to the Moon, https://www.the-scientist.com/news-opinion/tardigrades-may-have-made-it-to-the-moon-66243?utm_campaign=TS_DAILY%20NEWSLETTER_2019&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=75489002&_hsenc=p2ANqtz–KofJQrKlHtrM3Hecv1jlJXURQypQvxdSLgjb8pqMHB8cLlG84jqx8BKUaHkoGA2NKM7oPw9Ck1Cz-Alfy32QK8K4grA&_hsmi=75489002). Le problème vient de la capacité de cryptobiose de ses « oursons d’eau ». L’environnement lunaire sera-t-il suffisamment hostile pour que les tartigrades présents ne soient pas en mesure d’apprécier ce nouvel habitat sinon la colonisation est en marche et les extra terrestres auront du terrien une image inattendue !
Forçage génétique
mardi, août 6th, 2019Médecine curative et médecine préventive peuvent-elles être encore considérées comme les deux mamelles de la santé humaine ? Hippocrate qui se disait descendant d’Asclépios/Esculape, lui même fils d’Apollon, pratiqua l’art de la médecine. Aristote quelques décennies plus tard observe et raisonne : il dissèque et classe. La scientifisation est en route et ne peu plus s’arrêter si bien que art et techné se mélangent jusqu’à ce que aujourd’hui une technicité conquérante semble avoir totalement effacer la première. Ainsi est-ce la première idée qui vient à la lecture de l’article Self-destructing mosquitoes and sterilized rodents: the promise of gene drives (https://www.nature.com/articles/d41586-019-02087-5?utm_source=Nature+Briefing&utm_campaign=901fd95ecc-briefing-dy-20190705_COPY_01&utm_medium=email&utm_term=0_c9dfd39373-901fd95ecc-43241421). En seconde approche, on ne peut que s’émerveiller de ce qu’il soit devenu possible de modifier les lois de l’hérédité de Mendel . Puis viennent les questions : comment passe-t-on de la virtualité (modélisation) à la réalité, que devient un équilibre plus ou moins fragile quand on le détruit, puis pour finir, quel(s) sera(seront) le(s) décideur(s) ?
Eradiquer le paludisme deviendrait enfin une réalité, mais les altérations génétiques et les modifications de transmissibilité devenues possibles sont des portes dont on ne peut savoir sur quoi elles ouvrent. Asclépios-Esculape fut foudroyé par Zeus pour avoir ressuscité des morts ce qui n’est pas (encore) le but poursuivi dans l’article cité mais à quel sort doit s’attendre l’homme qui possèdent les clefs ?
Talon d’Achille !
vendredi, août 2nd, 2019Il ne se passe pas de jours sans publications ou discours de mise en garde contre les méfaits qu’engendre la société, impliquée qu’elle est, dans les désordres climatologiques. Le monde est en voie de disparition et rien ne pourra plus mettre fin à cette programmation qui ressemble fort à l’obsolescence programmée de l’appareillage électroménager ! La déforestation s’emballe, le réchauffement est sans pareil, les extinctions d’espèces sont sans commune mesure avec la grande extinction que connut le crétacé ! Cette accélération laisse peu de chance aux phénomènes adaptatifs qui ont jusqu’à encore récemment contrebalancé efficacement les effets délétères d’une humanité qui voit sa masse augmenter. Néanmoins la technicité réussit parfois à ramener « à la vie » une espèce en grand danger de disparition comme en témoigne la naissance d’un rhinocéros blanc (Southern White Rhino Born After Artificial Insemination, https://www.the-scientist.com/news-opinion/southern-white-rhino-born-after-artificial-insemination-66217). Dans cette débauche animalière qui aurait pensé à l’escargot de mer, Chrysomallon squamiferum,
(https://www.pourlascience.fr/sd/materiaux/un-escargot-dur-comme-fer-10465.php) qui est en train de risquer sa vie pour cause de fer, celui qui recouvre sa coquille et son pied ! Mais qui dit fer, dit aussi exploitation minière des grands fonds marins et c’est là le danger qui guette ce gastéropode jusqu’alors méconnu mais en passe de quitter l’anonymat (Ocean snail is first animal to be officially endangered by deep-sea mining, https://www.nature.com/articles/d41586-019-02231-1?utm_source=Nature+Briefing&utm_campaign=2fabe86eff-briefing-dy-20190723&utm_medium=email&utm_term=0_c9dfd39373-2fabe86eff-43241421). Ainsi ce sont les méfaits de l’homme qui mettront en lumière cet animal jusqu’alors ignoré de la pluspart !