Archive for août, 2012

Vous reprendrez bien encore un peu de temps ?

jeudi, août 30th, 2012

Il paraît que les scientifiques pourraient non seulement allonger la durée de vie de l’homme, mais que cet allongement pourrait se dérouler dans de bonnes conditions (Living Longer: Increasing Lifespan May Be in Our Control, http://abcnews.go.com/Technology/humans-live-forever-longevity-research-suggests-longer-life/story?id=17100148) . En fait, il semble bien que tout repose sur une question princeps : “Pourquoi l’homme vit-il déjà aussi longtemps ?” On aurait quelques pistes de réponse à cette question, comme par exemple : la taille en général ainsi que celle du cerveau, la vie en société malgré l’existence de “prédateurs”. Aujourd’hui, la piste génétique qui ne peut plus être ignorée nécessite d’être explorée avec prudence et surtout dans l’idée d’une participation multifactorielle avec plusieurs niveaux de contrôle. Aussi la conclusion proposée est-elle aussi inattendue que pleine de saveur puisqu’elle s’inscrit dans la droite ligne de la prudence aristotélicienne “Do the right thing and you’ll live longer” .

Encore une question de temps !

mercredi, août 29th, 2012

Revenons pour un temps, sur la notion du temps. Il est évident qu’il y aurait beaucoup à dire. Comme on se plait à parler aujourd’hui du ressenti en ce qui concerne la température, on pourrait tout aussi bien parler du ressenti en ce qui concerne le temps, cette dimension que l’on mesure alors que l’on n’en connaît pas l’origine ! Deux articles viennent de paraitre qui en illustrent deux facettes : Early bird or night owl? Blood test reads personal body clock (http://www.baltimoresun.com/health/boostershots/la-sci-sn-body-clock-20120827,0,6147832.story), Studying How Diseases Spread in Primates May Help Predict What Diseases Will Emerge in Humans (
http://www.sciencedaily.com/releases/2012/08/120827122321.htm). S’il s’agit dans les deux cas d’une approche qui  nous concerne, la première s’adresse à l’individu, l’autre à l’humanité. Les deux points de départ, de même que les deux points d’arrivée ne se positionnent pas sur la même échelle en conséquence de quoi, la dimension entre les deux ne peut être la même. Bien que, de ce fait non comparables, l’un et l’autre renseignent. Comment chacun vit son temps, comment tous participent au temps.  Pourquoi faire simple, quand on peut faire compliqué ?

Pour toujours le meilleur ami de l’homme ?

jeudi, août 23rd, 2012

On imagine mal comment tous les animaux de la création peuvent être utiles à l’homme. Epiméthée aurait-il été plus prévoyant, et Prométhée moins clairvoyant ? Quoiqu’il en soit voilà que le chien va aider à percer cette anomalie dénommée TOC que l’on aurait pu penser exclusivement humaine. Il est vrai que l’étude en a rarement été faite chez les animaux. Il en existerait pourtant et plus spécialement chez les Bull Terriers et les Bergers Allemands (Dogs offer excellent animal model for human obsessive compulsive disorder study, http://www.news-medical.net/news/20120821/Dogs-offer-excellent-animal-model-for-human-obsessive-compulsive-disorder-study.aspx). On a étudié les effets du stress chez la souris, donc pourquoi pas les TOCs chez le chien ? Le danio  (zebra fish) n’en finit pas d’apporter des renseignements d’ordre développemental, de même que la drosophila mélanogaster depuis plus longtemps encore sans oublier le Caenorhabditis elegans à l’origine du prix Nobel de Sydney Brenner, John Sulston et Robert Horvitz, et “at last but not least” le réflexe médullaire de la rana esculenta dans les classes de sciences du siècle dernier. Descartes aurait-il eu raison, non pas à propos du cogito, mais à propos de l’animal-machine ou bien l’homme a-t-il fait de l’animal une machine à comprendre l’homme ?

Judiciarisation vous avez dit judiciarisation ?

mardi, août 21st, 2012

Henrietta Lacks a donné ses cellules à l’humanité sans le savoir. Mais alors que les cellules HeLa ont permis à d’innombrables chercheurs de travailler sur une souche cellulaire immortelle, non seulement jamais la malade n’eut conscience de ce don, mais encore il fut source de profits commerciaux incommensurables ! C’était il y a peu de temps encore, 60 ans, et il est à la fois normal que ce fait soit toujours rapporté et qu’il reste le sujet de nombreux colloques philosophiques sur l’éthique. C’est tout l’intérêt de l’article “Doctors, Patients, and Lawyers — Two Centuries of Health Law” (http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMra1108646?emp=marcom&query=NEW) que de rapporter pour les Etats Unis d’Amérique deux siècles des relations entretenues par ce couple finalement indissociable que forment la médecine et la législation. Pourtant l’équilibre entre les deux n’est certainement toujours pas atteint. Il est vrai que longtemps la relation médecin/malade, de type paternaliste, pouvait être qualifiée d’asymétrique, mais il en était tout autant de la rélation justice/plaignant. En France, dans les deux cas, la langue utilisée n’était-elle pas le latin ? Entre les protagonsistes, le latin a disparu et le médecin connait les droits du malade. On peut néanmoins encore se poser au moins deux questions essentielles : qu’est-ce réellement qu’un patient informé, et le législateur sait-il faire réellement  la part entre obligation de moyens et obligation de résultat ?

Lavage de cerveau

samedi, août 18th, 2012

C’est depuis longtemps une question en mal de réponse. Quels sont les moyens à la disposition du cerveau, car il en a nécessairement, pour éliminer les déchets qu’il produit à l’instar des autres organes. La question est d’autant plus actuelle qu’elle s’invite dans le domaine de la pathologie en particulier en ce qui concerne la maladie d’Alzheimer, où (schématiquement) il se produit une accumulation de protéines tau responsables des plaques amyloïdes. Aujourd’hui il est devenu possible, toujours grâce aux progrès de la technique, de mettre en évidence la façon dont les substances toxiques pourraient être éliminés ( Scientists Discover How Brains Keep Clean, http://www.wired.com/wiredscience/2012/08/brain-waste-cleaning/). Si la barrière hémato-encéphalique ainsi que le concept de milieu intérieur ont vu le jour vers la fin du XIX° siècle, il a été plus difficile de s’entendre sur le milieu extracellulaire. Ce dernier qui correspondait du reste pour Cl. Bernard au milieu intérieur, est loin d’être univoque et chaque époque y a ajouté des constituants aux constituants déjà présents. C’est peut-être là que réside toute la difficulté. Et de plus connaître sa composition ne vaut rien sans explorer sa dynamique, puisqu’un milieu est fait pour être traversé. C’est ce qui serait devenu possible aujourd’hui pour le cerveau de la souris ! Donc tout va bien, y a qu’à  trouver comment  passer à l’homme !

Où est le grand méchant loup ?

mercredi, août 15th, 2012

Quels sont les critères qui font dire d’un article qu’il est intéressant ? A première vue il pourrait sembler difficile de répondre positivement à cette question à la lecture de Are Americans Ready to Solve the Weight of the Nation(http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMp1206519?query=endocrinology) à moins que d’être particulièrement intéressé par la tendance ascendante de la courbe pondérale de la population d’Amérique du Nord. Pourtant, même si ce n’est pas le cas, ledit article ne soulève pas une mais des questions d’importance dont la première : de quel droit peut-on se prévaloir pour vouloir modifier une conduite à l’échelon d’une nation ? Dans le cas présent il s’agit d’une conduite dont les résultats en terme de morbidité ne sont pas dénués de conséquences néfastes pour l’individu. Avec pour corollaire en passant de l’individu à la nation, un élargissement du débat avec une économie de santé qui s’invite dans  la gestion politique du pays. Une fois posée la validité de la démarche, une seconde interrogation va se faire jour : quels peuvent être les leviers sur lesquels il faut agir pour passer de la théorie à la pratique. Ce qui signifie également comment faire pour qu’un ensemble d’individus accepte de suivre des préceptes qui certes, peuvent être tenus pour bons, mais que d’aucuns peuvent assimiler à une démarche totalitaire. Et c’est alors que se pose la troisième question : qu’est devenu l’individu dans la société et comment peut-il y être encore une singularité quand il s’est noyé dans le tout ? Au vu et au su de ces quelques questions, il est évident qu’il s’agissait d’un très bon article !

Pot de colle !

vendredi, août 10th, 2012

Il lui aura fallu attendre longtemps, mais sa patience aura été finalement récompensée, aujourd’hui on peut parler de l’astrocyte en majesté. D’abord assimilée à de la glue, d’où son appartenance à la famille de la macroglie, cette cellule est sortie peu à peu de sa léthargie et la chrysalide s’est transformée en une cellule responsable, à tel point que l’on peut même se poser la question de savoir ce que ferait le neurone sans elle ! D’abord simple soutien, l’astrocyte est devenu partenaire indispensable, et rien ne dit qu’il s’arrêtera en si bon chemin. Ainsi vont les connaissances qui attribuent au gré des avancées techniques, des rôles qui s’approchent probablement de plus en plus près de la Vérité de ce qui est étudié. Dans le cas de l’épilepsie, il peut même s’agir d’un réel revirement de situation, puisque ledit astrocyte a troqué son rôle néfaste pour un rôle bénéfique (Epileptic Fits Are Like Raging Thunderstorms: Astrocytes Help Reduce Long-Term Damage, Surprising New Research Shows, http://www.sciencedaily.com/releases/2012/08/120807101224). C’est dans une telle démarche que réside la grandeur de la science. A condition de retenir que chaque marche est indispensable à la suivante, à condition de retenir que ce qui semble faux aujourd’hui, non seulement ne l’était pas hier mais a permis de continuer la construction, à condition de retenir que la technique permet le dévoilement mais qu’elle n’est pas le but en soi, à condition de retenir que la vérité scientifique n’est pas figée, ce qui interdirait tout avenir !

Du sensible au concept

samedi, août 4th, 2012

L’article “Cancer stem cells tracked” pose un problème particulièrement intéressant : peut-on/doit-on passer du sensible au concept ? Et si la réponse est oui, comment ? Le Sensible c’est le lot quotidien de tout vivant. C’est la rencontre avec une singularité autre, quelqu’elle soit dont on va ou non tirer une information signifiante. Même s’il peut paraître très prétentieux de vouloir en donner une définition, on peut qualifier de Concept, une construction raisonnée de l’esprit, impliquant une méthode mais qui, tout en étant une abstraction,  doit tendre vers l’universalité. On  soupçonne alors qu’il doit exister entre le premier et le second des connexions telles, que le concept tirera son existence de la signification que l’on aura attribuée au sensible. Bien sûr dans cette optique, on rejette la théorie selon laquelle la connaissance ne peut venir du sensible, puisque l’on fait de celui-ci le premier pas indispensable au raisonnement qui mènera à la connaissance. Dès le commencement, l’affirmation “omnis cellula e cellula“, impliquait l’existence d’une filiation telle que les deux cellules filles d’une même mère ne pouvait pas avoir un devenir identique ce qui aurait entraîné à très brève echéance l’arrêt de ladite filiation. Avant même que la technique ne permette de rendre sensibles ces différentes cellules, le concept prenait de l’ampleur et c’est par analogie qu’il a été appliqué à des lignées cellulaires néoplasiques.  L’article cité (http://www.nature.com/news/cancer-stem-cells-tracked-1.11087) invite à revisiter ce concept de cellules souches appliqué à des lignées cancéreuses et calqué sur celui de cellules souches normales. Ainsi le concept se nourrit-il en permanence du sensible qui lui-même vit au rythme de la technique.