Archive for juillet, 2016

Aller plus loin !

jeudi, juillet 28th, 2016

CerveauxComparéDes exemples encore et toujours des exemples ! L’un d’entre eux, connu depuis longtemps déjà, concerne la reproduction des orchidées. Certaines d’entre elles ne seraient-elles pas capables  de mimer des fleurs mellifères pour que l’insecte si pose (Darwin et l’étoile de Madagascar, 1862), ou plus redoutable, mimer l’insecte femelle qui attire le mâle correspondant ! On parle alors de coévolution mais à sens unique (pourrait-on dire) puisqu’il semble bien que dans ces deux cas, l’orchidée soit la seule bénéficiaire Plus inattendu peut-être est un processus identique, mais entre l’homme et l’animal. Que l’animal puisse vivre sans l’homme est une certitude puisque le premier a précédé le second, mais il est peu probable que le second puisse se passer du premier. Il s’en suit que des liens ne pouvaient que se créer entre ces deux représentants du règne vivant, liens évoluant au fil des millénaires. Divinisés, soumis ou égaux des hommes, les animaux jouissent aujourd’hui d’un statut à part entière (L’évolution des relations entre l’homme et l’animal, http://agriculture.gouv.fr/sites/minagri/files/documents/pdf/Actes_29112011_SD_cle0dd1ba.pdf). La coévolution dont parle l’article, Man and Bird Chat While Honey Hunting ( http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/46626/title/Man-and-Bird-Chat-While-Honey-Hunting/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=32035699&_hsenc=p2ANqtz-9B2mFWohbBscvvizM5mK-gub6eRw-EzSK7pnr3pVDXYHGCKf8k51XL_d-5-XgWZDpZTJK0eB1CKH2nEMkjQRYZFCIrLQ&_hsmi=32035699) entre l’homme et l’oiseau, peut être dite à double sens  puisqu’elle est doublement coopérative et s’ inscrit probablement dans le cadre d’un processus ancestral de survie. Si peut se mettre en place une compréhension basée sur l’utilité entre l’animal et l’humain, s’il existe une compréhension animale interindividuelle ( Marine Mammal Communications, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/46342/title/Peter-Tyack–Marine-Mammal-Communications/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=32035699&_hsenc=p2ANqtz-80aV8S_jEs-lFkULuVlOci8hIJ2-0Tc_tohnbdmKL8u4TMFdfa2d4UP1hTkv_LP5rESj7N1L3bO0mFPCcqHoMQKKGRVA&_hsmi=32035699) il n’y aurait aucune raison de ne pas accorder de signification aux enregistrements électriques provenant des végétaux  (UN DOSSIER SUR L’INTELLIGENCE DES PLANTES, AU RISQUE DE BÊTIFIER ? http://www.agrobiosciences.org/article.php3?id_article=3557#.V5oBW1WLRdg) ! De telle sorte qu’il semble bien que l’homme n’ayant toujours pas accepté de n’être plus le centre du monde, se croit obligé de reconstruire un pan anthropomorphisme rassurant, rejoignant ainsi le besoin d’harmonie du cosmos des anciens !

L’éthique du cobaye à l’organoïde

samedi, juillet 23rd, 2016

anatomieLa méthode expérimentale serait née avec Claude Bernard ce qui la fait remonter au XIX° siècle. On sait pourtant que l’expérimentation animale est beaucoup plus ancienne comme en témoigne Galien qui tenait autant au raisonnement qu’à l’expérience. Ce n’est pas sans raison que l’on parle des animaux de laboratoires, qui outre le fait qu’ils y vivent, participent pour beaucoup à la vie du dit laboratoire dans la mesure où la vie de l’un dépend de l’autre et inversement ! L’originalité de Claude Bernard tient dans le fait qu’il a introduit une démarche rigoureuse selon schématiquement trois étapes : poser la bonne question, proposer une réponse par le biais d’une hypothèse, répondre après avoir testé la dite hypothèse. L’expérimentation animale semble la démarche la plus raisonnable en permettant, grâce au raisonnement analogique, le glissement de la réponse de l’animal à l’homme. Ce procédé ne fut pas exempt d’erreurs comme en témoigne la connaissance progressive de la circulation sanguine depuis Galien en passant pas Vésale pour aboutir à Harvey. Depuis toujours l’hypothèse doit être vérifiée, et la dissection humaine a traversé les époques avec plus ou mois de succès, d’autant que l’expérimentation animale  ne rencontrait pas les mêmes difficultés grâce à Descartes qui plaidait pour l’animal machine ! Il est certain que l’animal de laboratoire vit dans des conditions qui ne sont pas celles de son milieu naturel, ce qui peut être la cause d’un premier degré de questions sur l’exactitude des résultats observés. Mais à cette question de bon sens vient s’en greffer une autre relevant plus de l’éthique et qui concerne la souffrance infligée même s’il existe aujourd’hui une charte qui considère l’animal comme un être vivant doué de raison ( il ne faut pas oublier, quand même, que l’on est passé du mammifère au nématode, de la souris au C. Elegans). Aujourd’hui se développe une nouvelle technique bien particulière, celle des organoïdes : réaliser en trois dimensions une culture cellulaire d’un type bien particulier puisqu’elle reproduit un organe réduit, certes dans un milieu artificiel mais capable de reproduire les fonctions de l’organe originel. Tout serait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, si ne se posait alors la question des cellules choisies pour fabriquer cet organoïde : cellules animales vs cellules humaines, cellules souches vs cellules matures reprogrammées. Si les avantages semblent multiples, on le voit les questions ne sont pas en reste (Will Organs-in-a-Dish Ever Replace Animal Models? http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/46588/title/Will-Organs-in-a-Dish-Ever-Replace-Animal-Models-/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=31875517&_hsenc=p2ANqtz–oxiSCOos_CEwhT2sn82b4nSFXEz-L7tDJMUv2El_7zU4UzasYF-FZ36cs5Gti1xTpzEl63NjiLSM6m2tZ_ubMM275PA&_hsmi=31875517), dont la dernière : les organoïdes pourront-ils  remplacer les animaux de laboratoire ? Il convient donc de ne pas s’inquiéter, chaque étape fera toujours jaillir de nouvelles questions.

Dr Faust contre Dorian Gray

jeudi, juillet 21st, 2016

doctor_faustus_poster-r7e3956f0aa66431b997c1f1866308159_ybf_8byvr_324L’homme est mortel, c’est une évidence depuis la nuit des temps. C’est cette évidence qui l’a fait  chercher depuis (peut-être) un peu moins longtemps à contourner cette fatale échéance par différents types d’esquives comme par exemple, la réincarnation, la résurrection, l’immortalité de l’âme. Ce qui est de même inéluctable, c’est (le plus souvent) le chemin tout tracé du vieillissement qu’il faut emprunter pour y arriver, ce qui représente, on en conviendra aisément, un exemple parfait de double peine ! Les anomalies telles que la progéria et le syndrome de Peter Pan seront volontairement ignorés. Il existe ainsi de nombreuses références (que l’on peut qualifier de fantaisistes) à l’amélioration de cette condition : être plongé dans le Styx, boire de l’eau de la fontaine de jouvence, faire appel au diable ! Heureusement la technique est en train d’apporter une aide bien supérieure à tous ces moyens de pacotille ! ( Back in Time, Back to the Future: Aging and Rejuvenation http://www.cell.com/trends/molecular-medicine/fulltext/S1471-4914(16)30074-0, Focus on Aging,  http://www.cell.com/cell-metabolism/abstract/S1550-4131(16)30239-X). Si l’on excepte l’Ayurveda qui est une forme de médecine traditionnelle  (Asie du Sud) reconnue comme telle par l’OMS et considérée comme une médecine alternative (Occident) il se pourrait que les plus récents développements en biologie donnent accès à ce que recherche une certaine partie de l’humanité, vieillir en bonne santé, puis reculer l’âge de la mort (la supprimer restant encore du domaine du fantasme ou de l’utopie ! ). Quoiqu’il en soit, ce choix ne signe pas la négation du concept de programmation puisqu’il introduit une autre programmation. Il s’agit plutôt de remplacer la médiation de la médecine hippocratique par l’artificialité de la médecine scientifisée. Par ailleurs on peut également se reposer la question de savoir si la réflexion induite par ces nouvelles techniques doit précéder ou suivre la mise en place des techniques elles-mêmes !

Il était une fois un petit garçon …..

lundi, juillet 18th, 2016

slide_3Il serait temps de modifier les comptines d’antan car le petit garçon qui était sage à l’école comme à la maison aura dorénavant le droit de mettre les doigts dans son nez ! Voire même, pourrait être vivement incité à le faire par les autorités compétentes, sous entendue, la Santé Publique en personne. Il ne s’agit ni plus ni moins que de remettre à l’honneur une confrontation avec les germes, confrontation garante de bienfaits grâce à l’élaboration de bien venus anticorps (Study: Nail-Biters, Thumb-Suckers Have Fewer Allergies, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/46509/title/Study–Nail-Biters–Thumb-Suckers-Have-Fewer-Allergies/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=31544773&_hsenc=p2ANqtz-8NE1esz00LHTqkMwuE5jFyjVxbyfDUQ9QC7xR_k_SLo2hCXuhqmJW8XK9LO-j_BnjIkS871hTpBiwDPAr58T3wEYUUtw&_hsmi=31544773). Il ne s’agit ni d’un poisson d’Avril, ni d’une farce estivale, rien de plus sérieux comme le sous entendent différentes publications récentes (Thoroughly modern hygiene, http://rsh.sagepub.com/content/136/4/182.full.pdf+html, In future we are going to have to view our microbial world very differently, http://rsh.sagepub.com/content/136/4/183.full.pdf+html) qui mettent le doigt (c’est le cas de le dire) sur un débat que les uns et les autres se plaisent à argumenter ! D’un côté, ceux qui sucent leur pouce ou (tout aussi bien) rongent leurs ongles, moins sujets aux allergies et de l’autre, les tenants d’une hygiène plus rigoureuse. Les seconds arguant du fait que les premiers tireraient, en réalité, moins de bénéfices que les seconds ! A l’évidence ces articles ne sont pas à mettre entre toutes les mains !

 

La naturopathie, le normal et le pathologique

mercredi, juillet 13th, 2016

shutterstock_84973615Naturopathie, définition : médecine non conventionnelle qui vise à équilibrer le fonctionnement de l’organisme par des moyens jugés « naturels ». Cette médecine dite aujourd’hui non conventionnelle  répond en fait à  des méthodes anciennes (pas toujours inefficaces) mais qui, pour la majorité d’entre elles, n’ont pas été validées scientifiquement. En réalité, elles ciblent plus un bon fonctionnement de l’organisme, et se situent plutôt dans le cadre de la normalité que dans celui du pathologique dans la mesure où il s’agit en réalité d’une méthode qui doit être comprise comme préventive. Pourtant aujourd’hui on pourrait se poser la question de savoir comment appeler un traitement qui utilise des populations cellulaires normalement présentes au sein de l’organisme (Immune Cell–Stem Cell Cooperation, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/46377/title/Immune-Cell-Stem-Cell-Cooperation/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=31443693&_hsenc=p2ANqtz-8Pq2iDILvU8bwwzUND4CNd9ielU9ID6ErhsqQdEd9PaXA2X3g1sMQY8YDdwHEAImAj7nd_SjreKLoQSkiAaXP0upWFbQ&_hsmi=31443693). Dans cette étude, pas autre chose qu’une coopération cellulaire spécifique entre deux vedettes : les cellules souches, que l’on aurait tendance à mettre à toutes les sauces et les cellules du système immunitaire qui ne sont pas en reste. A elles deux, ces populations représentent deux mondes dont l’exploration, loin d’être aboutie, a encore de beaux jours devant elle et ce d’autant plus que chacune d’entre elles sait bien ce que veut dire coopération.  Ces coopérations d’abord simplement mises en évidence puis progressivement expliquées semblent, dans certains cas, outrepasser leurs devoirs en entretenant une prolifération qui s’avère redoutable pour l’organisme. Ainsi se mêlent le normal et le pathologique dans la mesure où la normalité (de la coopération cellulaire) met en place une chaîne de processus qui aboutit à une anormalité que l’on serait en droit de qualifier de normale ! Tout pense à croire que l’on pourrait éviter ce devenir, mais alors quel qualificatif conviendrait  le mieux ?  Il n’est même pas certain que Canguilhem puisse répondre à cette question !

 

Pas si facile de s’y retrouver !

vendredi, juillet 8th, 2016

5551421-8281712“Le premier qui dit la vérité ” Sur un air connu, des paroles qui restent une vérité intemporelle vérifiable en toutes occasions. Si la première question est de savoir qui dit la vérité, une première réponse est qu’elle ne sort pas systématiquement (et de loin) de la bouche des enfants. Mais quand se sont des scientifiques nobélisés qui prennent la parole (ou la plume), le commun des mortels est-il réellement à même de les suivre ou pas dans leur dénonciation (Nobel Laureates vs. Greenpeace? http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/46464/title/Nobel-Laureates-vs–Greenpeace/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=31269989&_hsenc=p2ANqtz-8KjM3diSTWNvFNfuVtYv6a26-nSbNDWfHR2Jz_TxV4lLEMf2auJt7cE4NcvpzYlTIDbRqV0ZSAdvipe3FuFZsvllX5oQ&_hsmi=31269989, Laureates Letter Supporting Precision Agriculture (GMOs), http://supportprecisionagriculture.org/nobel-laureate-gmo-letter_rjr.html). Par contre ce qui est certain c’est que la voix portera d’autant plus qu’elle s’exprimera avec des accents d’une vérité pseudo scientifique, mais seulement des accents ce qui  va induire une réponse immédiate, le plus souvent sous forme d’une action brutale, sans réflexion aucune, signant la primauté du facteur temps. Ce qui est particulièrement curieux, c’est que cette action dépourvue de réflexion chosifie le principe de précaution qui veut que “… la prudence de l’action est due à la prise en compte de risques potentiels contrairement à la prévention qui s’intéresse aux risques avérés …”. Mais progressivement l’immédiateté de l’agir s’emballe et en vient à ignorer la réflexion née de la nouveauté. Ainsi est-on réellement en droit de se poser la question de savoir si le primum movens n’est pas l’adhésion à l’heuristique de la peur. Ainsi il se pourrait bien que les dégâts causés par une technique galopante expliquent certaines des différences constatées entre Max Weber (Le savant et la politique, 1915/1917) et Hans Jonas (1970, L’heuristique de la peur).

L’interdisciplinarité pour les nuls …..

lundi, juillet 4th, 2016

interdisciplinarite_r_11_3_15Pour commencer, un petit test, sans malice (How interdisciplinary are you?http://www.nature.com/news/how-interdisciplinary-are-you-1.18362) qui permet, à tout le moins, de se positionner avant d’aborder un rivage plus scientifique (Interdisciplinary Research Attracts Less Funding, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/46442/title/Interdisciplinary-Research-Attracts-Less-Funding/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=31182165&_hsenc=p2ANqtz-8zpE5tuUKjtuxeFp9xpvxgmNW7Jeq1pvaGRFlrAV0Er39ijw3t0UixcxyulesF-3zVeQeZcs_sKm6x2r0WYgUkbEx-Fw&_hsmi=31182165) dans l’océan de bonnes intentions qu’est cette interdisciplinarité dont chacun parle aujourd’hui. Sait-on exactement de quoi il s’agit ? Schématiquement  l’interdisciplinarité doit se comprendre comme une coopération féconde ce qui exclut volontairement tout particularisme pour éviter l’interdisciplinarité spécifiquement scolaire, médicale, scientifique etc… Mais ce qui semble antinomique, si l’on se réfère aux bonnes intentions affichées, c’est justement ce que dénonce l’article sus cité : le peu d’attirance pour un financement  adapté à ce type d’approche.  Ce qui étonne c’est que l’étude repose sur une méthodologie inscrite dans une démarche taxinomique : classification dans un système hiérarchisé dichotomique pourtant bien adaptée à la biologie. Mais deux restrictions viennent entacher les résultats : pour mettre en évidence l’existence ou l’absence d’une liaison qui peut exister entre leurs variables, les auteurs ont attribué des codes dont les choix restent peu accessibles aux lecteurs, et (peut-être pire) les décideurs seraient peu à même de juger du caractère d’interdisciplinarité. Donc la question reste entière. Si dans un domaine particulièrement représentatif d’interdisciplinarité, à savoir l’écologie, la démonstration n’est pas évidente qu’en sera-t-il dans les autres champs ?