
Le blob, organisme unicellulaire ni animal ni végétal, pourrait aisément passer pour une entité pensante dès qu’on lui attribue quelques qualités en usant du vocabulaire anthropomorphe dont raffole cette société qui l’admire. Ainsi est-il capable d’apprendre et de transmettre ses connaissances à d’autres blobs voisins ! Et pourtant personne n’ignore qu’il est dépourvu du moindre gramme de cerveau. De là à imaginer que le cerveau n’est en rien indispensable à tout le moins pour apprendre et transmettre il n’y a qu’un petit pas. Mais que serait ce cerveau livré à lui-même, dépourvu de ses connexions, de toutes ces liaisons avec l’extérieur tout autant qu’avec l’intérieur, émettrices tout autant que réceptrices ? De ce fait qualifié par certains de Boîte noire, cet organe reste un mystère aux confins de la morphologie macroscopique et microscopique, de la biochimie et de la biologie moléculaire, tout autant que de l’imagerie. Or le blob est capable de certaines des fonctions qu’on lui attribue, ce qui pose la question de savoir si le cerveau doit toujours être considéré comme l’indispensable TOUT. Le livre d’Antonio Damasio,Feeling & knowing: Making minds conscious dont il est fait un court rapport (Being, Feeling, and Knowing: Our Path to Consciousness) devrait apporter quelques éléments de réflexion dans la mesure où sans démystifier l’organe en tant que tel, il le replace dans une dimension spatio-temporelle qui peut expliquer l’acquisition depuis la simple conscience d’être à la connaissance. L’être nait à la conscience qu’il est, et acquiert la faculté d’envisager son intériorité dans l’extériorité de son environnement. Dès lors les termes utilisés pour les qualités du blob, apprentissage et de transmission, ne devraient-ils pas être accompagnés de certaines précisions ?