Posts Tagged ‘perception’

Le temps et l’espace à échelle humaine

samedi, avril 27th, 2024

Depuis Saint Augustin, la définition du temps tient de la gageure car entre ce qui n’est plus et ce qui n’est pas encore, le présent finalement n’a que peu de place. Saint Augustin se posait la question dans une approche bien particulière celle qui traite de l’éternité. Ce n’est pas ce sujet que traite l’article Visual clutter skews our time perception, car il s’inscrit dans une dimension beaucoup plus prosaïque, celle que chacun peut vivre dans son environnement habituel. Mais qui dit environnement dit obligatoirement perceptions sensibles parvenant sinon simultanément tout au moins dans un un bref espace temporel au cerveau du sujet concerné. Ainsi il semble que plus grande est une image visualisée, plus longtemps le sujet pense l’avoir regardée alors même que ce temps mesuré est objectivement le même. Lorsque par ailleurs l’image observée se révèle plus remarquable, le sujet affirme également l’avoir regardée plus longtemps. Pourquoi donc le cerveau donne-t-il au sujet l’information que le temps s’allonge pour regarder une image quand celle-ci est de grande taille ou bien quand elle sort de l’ordinaire! Quelle est l’amélioration qu’apporte ce vécu d’un temps apparemment plus long ? Pas encore de réponse, peut-être une piste, celle en rapport avec les processus de mémorisation dont on sait qu’ils sont tout sauf simples !

Subjectivité sensorielle

vendredi, novembre 10th, 2023

Se méfier de ses perceptions est un étape indispensable à l’exercice du doute. Le monde dans lequel vit l’homme est-il ou non une réalité ? Cette question sans âge mais pas sans intérêt, est la première marche à la mise en place du doute rationnel. La perception du temps représente le paradigme de la subjectivité. D’expérience courante, l’attente dans des conditions différentes mais dans un temps d’horloge identique ne semble pas s’écouler de manière identique ! Ce qui porte à croire que le temps peut tout aussi bien ralentir que s’accélérer ce qui par ailleurs est du domaine courant au fur et à mesure du vieillissement humain : avec l’âge le temps court de plus en plus vite. La question est donc la suivante « Comment le cerveau traite-t-il le temps ?  » En fait la perception du temps est consubstantielle à la perception de l’environnement de l’individu en cause (Why does time slow down in near-death experiences?). Comme par ailleurs le cerveau a enregistré des faits antérieurs eux-mêmes inscrits dans un environnement sensoriel il ne s’agit jamais d’une perception première, entachée qu’elle est d’un avant. L’idée de l’auteur est que l’adaptabilité du temps s’inscrit dans une démarche d’amélioration de la survie de l’individu. Ainsi la sensation « subjective » d’un allongement du temps permettrait une meilleure prise en compte des informations permettant d’éviter des actions trop rapides et de ce fait inadaptées. Si l’on adhère à une vision finaliste de l’existence de l’être vivant il est logique d’imaginer que les processus adaptatifs se succèdent dans le but d’une amélioration progressive même si la finitude reste de rigueur !

Encore une histoire de temps

samedi, juin 20th, 2020

Comment ne pas penser qu’il existe depuis toujours des rapports conflictuels entre l’homme et le temps ? Pour mesurer le temps avant toute technique appropriée, le plus facile fut de s’appuyer sur la reproduction d’un temps court, celui de la succession du jour et de la nuit mais aussi celui d’un temps plus long, celui de la succession de quatre saisons. A l’intérieur de ce temps d’abord circulaire mais destiné à se linéariser, l’homme se meut selon son horloge biologique mais pas seulement ! Il sait bien par expérience sensible que soixante minutes peuvent ne pas ressembler à soixante autres minutes ! Cette double perception du temps, objective et subjective, résiste fort bien à tout appareil de mesure aussi sophistiqué soit-il ! Des circonstances particulières transitoires qui pourraient sembler sorties du temps mais qui se reproduisent selon une fréquence inappréciable surtout dans l’observance d’un temps court, sont là pour le rappeler, How the pandemic upended our perception of time (https://www.livescience.com/pandemic-changed-perception-of-time.html?utm_source=Selligent&utm_medium=email&utm_campaign=19427&utm_content=20200616_Coronavirus_Infographic+&utm_term=3192375&m_i=6BJ6Gb0MPsgG2J4zsJorUq6oNLfGDLTXse%2BqzJTBJMk2gwVjxhm0QqY1bLU0vkYqlQyKvT5EfAP1qd%2BhvUWA5ACA7DTMUv). On y retrouve l’incomparable subjectivité de la perception de cette dimension. Or la mesure du temps est la base fondamentale de la précision du Système international d’unités qui en comporte sept de base et qui sont indispensables : masse, temps, longueur, température, intensité électrique, quantité de matière, intensité lumineuse, chacune ayant son symbole en propre. On pourrait les croire indépendantes, mais comme le montre le diagramme ci-dessus, elles ne le sont pas totalement. Les définitions de chacune des unités utilisent des phénomènes physiques reproductibles pourtant il est amusant de noter que les interdépendances se font avec la dimension la plus subjective d’entre toutes, le temps !

Souvenirs, souvenirs …

mercredi, mai 6th, 2020
Mind-mapping : apprendre à organiser ses idées | Dessiner avec le ...

Souvenirs et mémoire, lire et relire H. Bergson mais aussi prendre des nouvelles des dernières études sur le sujet pour revoir à la lumière des résultats les propos du philosophe. Car celui-ci n’avait pas et de loin, ignoré les connaissances contemporaines de neurophysiologie dans ce domaine. Celle dont il est question ici, c’est la mémoire épisodique celle que convoque Proust avec sa madeleine, souvenir autobiographique dans sa composante temporelle. Après la découverte (2005) des neurones en grille mettant en évidence un codage spatial, on pense normalement à chercher un codage temporel. C’est le sujet de l’article Feature: How Time Is Encoded in Memories. Sans tenir compte du nombre, de la complexité des expérience, de la nécessaire coopération de chercheurs venus d’horizons différents, deux points sont à retenir. La démarche actuelle comparable à celle que rappelle H. Bergson à savoir l’intérêt de la prise en compte de la symptomatologie clinique qui complète et explicite la recherche fondamentale, ce qui serait bon de ne jamais oublier. La perception du temps dont on sait qu’elle n’est pas la même, et de loin, en fonction des conditions du vécu, or cette subjectivité serait inscrite dans un type cellulaire qui lui serait dédié ? Selon Saint Augustin “Qu’est-ce donc que le temps? Quand on me le demande pas je le sais mais dès qu’on me le demande et que je tente de l’expliquer, je ne le sais plus”. Le dernier exemplaire du Scientist peut être consulté pour approfondir le sujet (Making memories, The fundamental cognitive process is revealing itself to science, https://www.the-scientist.com/magazine/issue/making-memories-37-4?utm_campaign=TS_eTOC_2020&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=87391293&_hsenc=p2ANqtz–02I9PYHLIaoxyG-P6bgBhwG647xH98CpVui2SuabYbpSzJZ149Q4cm3Ywq6dDeRRtUUNBeBoDbvxlxBNJVz-dvU5K_Q&_hsmi=87391293)

Pourquoi la première impression est-elle toujours la meilleure ?

mardi, juillet 10th, 2018

Pourquoi cet article Are These Dots Purple, Blue or Proof That Humans Will Never Be Happy? (https://www.livescience.com/62962-blue-or-purple-dots-illusion.html?utm_source=ls-newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=20180702-ls) mérite-t-il d’être lu ? Soit encore quel enseignement peut-on en tirer ? Pour en résumer succinctement le thème : au fil du temps se modifie la perception quelque soit l’objet de la dite perception. Cette citation du satrape pataphysicien Henri Jeanson (1900-1970) « La première impression est toujours la bonne, surtout quand elle est mauvaise »  doit au même titre que celle de Molière concernant l’ingestion alimentaire et la vie, être mise en exergue de toute étude portant sur la perception première et ce d’autant plus qu’elle invite à relire de nombreux auteurs ayant traité de la perception du sensible, depuis les plus anciens jusqu’aux plus modernes. Si l’on ne peut nier l’importance du sensible dans le rapport au monde, on ne peut pas plus nier que perception n’est pas connaissance et qu’il existe une immédiateté de la perception. Mais si la perception est la première étape de l’approche de la réalité, cette dernière ne peut qu’évoluer au cours du temps. La mémoire en effet vient troubler l’image première par une construction seconde qui s’active au moment même où s’enregistre la première. Des deux types de mémoire selon Bergson (in Matière et Mémoire, 1896) l’une des deux utilise l’acquis du passé pour le présent. Et si l’on pratiquait ce même test chez des patients souffrant de troubles de la mémoire immédiate les résultats pourraient-il être différents ? La continuité disparaitrait-elle au profit d’une discontinuité qui rendrait à chaque point son individualité ? Si la mémoire est nécessaire, les modifications qu’elle induit ne la rendent pas suffisante !

Et encore un de plus …

dimanche, octobre 2nd, 2016

imagespl2k9iydLes semaines se suivent et les publications aussi, chacune faisant assaut d’originalité par rapport à la précédente ! Dans le domaine des sens, rien ne semble plus impossible ; il est vrai que dans le règne animal, l’humain accuserait, d’une certaine façon, un retard évident (Henri Brugère, La magnétoréception, un nouveau chapitre de la physiologie sensorielle, http://hdl.handle.net/2042/47984). Donc voici que s’avance un prochain sixième sens  : la magnétoréception. En réalité on ne peut pas vraiment parler d’un sens naturellement humain puisque cette perception passe par l’intermédiaire d’une peau artificielle pourvue de capteurs (Smart Skin Enables Magnetoreception, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/46786/title/Smart-Skin-Enables-Magnetoreception/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=35017124&_hsenc=p2ANqtz–iXOl7zr3R9a52bF8Unre5nZ_PEprCbcsRRoBKg8KYeuv4ZRRxRuoXVMaTL2NNKYhlSgurGFxFR5E7ZmvSmxhYERfX0g&_hsmi=35015240). On pourrait, dans un premier temps être appelé à sourire de cette possibilité de se revêtir d’une nouvelle peau ! Mais n’est-ce pas le rêve d’un certain nombre des super héros des comics Marvel enfin à porter de main ? Ainsi pourrait-on en ce début du XXI° siècle passer du rêve à la réalité sans difficulté et si les médias venaient à s’emparer du sujet il est certain que les réseaux sociaux bruisseraient nuit et jour d’autant qu’il a déjà été écrit sur ces matériaux intelligents  qui se transforment sous l’influence de différents facteurs comme la chaleur, la lumière ou autre (Vetement etanche thermochrome, http://www.google.fr/patents/EP1631161B1?cl=fr) ! Mais il ne s’agit aucunement d’une facétie : cette magnétoréception pourrait venir en aide à certains types d’altérations du sens profond de la position, en d’autres termes aider à retrouver la place d’un corps amoindri dans un environnement devenu hostile. Pour ce qui est de retrouver son chemin l’homme possède déjà des cellules adaptées (cellules de grille,) dont il se sert, il est vrai,  plus ou moins bien.

Vous avez dit « crooner »

jeudi, mai 12th, 2016

swooner_crooner_by_lanilioness-d4l4xdyIl est difficile de donner une date d’apparition au mot « crooner » et il semble être tout aussi difficile de lui donner une origine. Et pourtant chacun en connaît le sujet et les caractéristiques : un chanteur dont la voix chaude crée une intimité émotionnelle. Le crooner est plutôt homme que femme, ce qui sous entend une voix qui se situe volontiers dans les fréquences basses plutôt que hautes, riche en harmoniques (fréquence fondamentale et fréquences secondaires multiples de la première). On peut traiter de la voix dans une infinité de domaines et au hasard, ou peut-être pas, on pourrait tout aussi bien évoquer la physique, la médecine que la culture. C’est ainsi que la psycho acoustique se rattache à la première. Ne met-elle pas  en rapport la physique des ondes sonores, la physiologie de l’audition et la phase interprétative du fait de l’implication des centres supérieurs sans oublier, mais en connait-on  le poids, la part qui revient à la construction individuelle. La voix est culturelle  et tient une une place toute particulière quand elle est utilisée pour contrôler les individus comme dans le roman d’anticipation de Franck Herbert, Dune. Elle devient enfin matière expérimentale quand elle voyage du texte de Cocteau au registre mélodique de Poulenc ! Aujourd’hui elle aborde un nouveau rivage, celui qui s’ouvre sur des aspects tellement inattendus (What’s in a Voice? http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/45854/title/What-s-in-a-Voice-/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=29419954&_hsenc=p2ANqtz–U_vWrUDif9qQiMUkUuj5oPRYdOdU9N5x70IZ731QoADGNPNhXp7oKZG1c5CD9mlviUC9R9LP6915Ahd_yy0g6YUw1Rg&_hsmi=29419954) qu’ils prêtent à sourire. On pourrait mettre en évidence des corrélations entre la voix et des mensurations corporelles, ces corrélations étant par ailleurs mieux vérifiées chez la femme ! Des corrélations que l’on pourrait appeler physico-vocales ! S’il y a bien une différence homme/femme, on peut imaginer que le facteur hormonal puisse être en cause. Au delà de la physiologie, ne pourrait-on pas imaginer (mieux que la boule de cristal) un nouveau spectacle magique uniquement basé sur l’écoute des voix !