Posts Tagged ‘machine’

Artificielle : jusqu’où ?

lundi, décembre 16th, 2024

Si l’on utilise le terme d’Intelligence artificielle, l’article Treat AI as you would want to be treated peut ne pas être inintéressant. Par contre parler d’automate numérique, élimine toute implication éthique dans la mesure où la référence est à l’évidence une machine. Ainsi le terme même d’intelligence est-il dès le départ connoté, l’intelligence étant plus aisément attribuée à l’être vivant qu’à un mécanisme totalement artificiel. C’est la raison pour laquelle selon le terme retenu, il peut sembler licite ou totalement illicite de se poser la question d’une éthique allant de paire avec le qualificatif d’artificielle. Peut-il y avoir ou non accession à une certaine conscience, acquisition d’expériences subjectives ? Si la réponse est affirmative, il est indispensable de mettre en place un environnement éthique adapté; Mais comme on peut s’en douter, la difficulté va être de pouvoir être « affirmatif » : comment est-on en mesure de détecter si l’Intelligence artificielle qui fait face sait se poser la question « Ai-je peur de la mort ? ». Comme le disent les auteurs de l’article « Il n’y a pas de mal à se poser la question » : et rien n’est répréhensible à le faire. Dans la mesure où c’est Isaac Asimov, et lui seul qui a édicté les lois de la robotique dans un autre temps, il n’est peut-être pas inutile de prendre les devants, le cadre s’étant considérablement modifié !

Rappel des trois lois d’Isaac Asimov 1)Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger ; 2)Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres entrent en contradiction avec la première loi ; 3)Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n’entre pas en contradiction avec la première ou la deuxième loi.

Corrélation vs causalité

samedi, mars 4th, 2023

Une corrélation est une relation statistique entre deux variables dont les valeurs varient dans le même sens ou dans le sens opposé. Ainsi la corrélation peut-elle être positive ou négative. Une causalité est une corrélation dans laquelle une variable dépend de l’autre et cette relation persiste dans le temps. Le problème de la relation cause/effet a pris une importance toute particulière avec le développement des sciences soit donc à partir du XIXème siècle. « L’homme a naturellement envie de savoir » ce qui explique le monde des questions qu’il pose et se pose. Il est donc vraisemblable que cette appétence est à l’origine de la technique, concevant des objets dont le but est bel et bien de lui venir en aide grâce aux réponses qu’elle sera en mesure de lui apporter. Mais le problème vient de ce que trouver qu’il existe des corrélations entre des facteurs ne signifie pas qu’il y ait une relation de cause à effet. La relation entre deux variables, qu’elle soit négative ou positive ne signifie pas que l’une agit sur l’autre ce qui signe la causalité. La recherche de corrélation implique donc d’étudier des variables sans chercher à les manipuler. La relation de cause a effet ne peut intervenir dans la démarche du chercheur que dans un second temps : la recherche causale nécessite une expérience programmée dont les variables seront contrôlées. Mais aujourd’hui ce problème va se poser à l’Intelligence Artificielle qui détecte parfaitement les corrélations mais se révèle particulièrement mutique en ce qui concerne le domaine de la causalité (Why AI needs to understand consequences). D’où la question que peut faire l’homme pour sa machine s’il veut valider sa prise de décision ? Il faudra donc adapter la machine pour transformer ses capacités et les rapprocher des qualités humaines qui font que l’appréciation de la causalité est le résultat de nombreuses acquisitions et qualités humaines parmi lesquelles l’imagination et les retours en arrière ! C’est « l’inférence causale » où les mathématiques vont devoir prendre en main l’acte décisionnel humain pour le meilleur en évitant le pire !

Ne pas se tromper de combat !

lundi, décembre 4th, 2017

Idéaliste mais aussi parfaitement inadapté, Don Quichotte se bat avec des armes devenues dérisoires dans un monde qui ne correspond plus à son sens de l’éthique. Aujourd’hui, l’un des combats parmi ceux qui agitent la société, voit s’affronter deux visions du futur de l’homme dans une société à laquelle on devait s’attendre ! La machine en lieu et place de l’homme, devenu lui-même créateur, n’est pas réellement une nouveauté. Si le terme même de robot est une invention de l’écrivain/scientifique I. Asimov,  également inventeur des trois lois qui régissent le monde des dits robots, il existe des précédents d’abord telluriques comme Pandore, faite d’argile et d’eau, œuvre d’Héphaïstos, et le Golem. Puis apparaissent les automates qui s’améliorent progressivement depuis Héron d’Alexandrie en passant par  Jacques de Vaucanson. Il s’agit de mécaniques  de plus en plus perfectionnées dans leur réalisation mais qui ont en commun de reproduire les actions humaines de façon plus ou moins proche de la réalité. Jusqu’à aujourd’hui il n’existait aucune interface entre l’homme et sa machine mais ce n’est plus le cas et de loin. Une première étape est franchie avec le cyborg, être humain augmenté grâce aux  parties mécaniques qui lui ont été greffées. Dans cette option, le receveur est  l’être humain, et le donneur, les pièces mécaniques. Le progrès ne pouvant être arrêté l’inverse est devenu possible de telle sorte que le receveur est la machine et le donneur l’homme : vive le biohybrid autrement dit, la machine augmentée (Forget Cyborgs — Biohybrid Robots Are Almost Here , https://www.livescience.com/61058-biohybrid-robots.html?utm_source=ls-newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=20171130-ls) ! Que l’homme veuille créer un être à son image comme il fut dit que Dieu le fit à la sienne, pourquoi pas puisque l’homme envisage là sa puissance divine. Qu’à l’inverse l’homme se glisse dans la machine, l’interprétation devient plus difficile et sa signification pose question. D’où le titre : mène-t-on le bon combat ?

Ce chemin est-il le meilleur ?

vendredi, août 12th, 2016

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Depuis l’antiquité (Héron d’Alexandrie), de grandes améliorations ont été apportées aux automates en témoigne Le Canard digérateur  créé par Jacques de Vaucanson en 1738. Il s’agissait d’une machinerie très complexe qui reproduisait les processus de la digestion de l’animal et dont les rouages étaient visibles. La robotique mise en  place par Isaac Asimov (1941/1942, Menteur, Runaround) en s’intéressant  à un domaine un peu différent se rapproche pourtant plus des humanoïdes artificiels dont Ephaistos fut le premier promoteur. Aujourd’hui si l’on continue à imaginer et à réaliser des humanoïdes artificiels  la robotique a envahi de nombreux autres domaines : industriel, domestique, médical, militaire, scientifique. Celui dont on parle abondamment actuellement concerne la robotique de transport avec la voiture autonome, c’est à dire la voiture sans conducteur. Si l’on passe outre les problèmes liés à  la réalisation même de ce type d’engin, à propos duquel on sait que toutes les réponses n’ont pas encore été apportées, il reste une question primordiale, celle du rapport de l’homme à la machine (Steer driverless cars towards full automation, http://www.nature.com/news/steer-driverless-cars-towards-full-automation-1.20390?WT.ec_id=NATURE-20160811&spMailingID=52032459&spUserID=MTUyNTcxOTczMTcwS0&spJobID=981769299&spReportId=OTgxNzY5Mjk5S0).  L’homme est-il prêt à ce que la machine prenne totalement en charge l’action de conduire transformant l’objet en sujet et inversement  ?  Cette inversion des rôles pouvant être interprétée comme une dépossession, action liberticide s’il en fut, même si l’on imagine que le conducteur ainsi dépossédé devient apte à choisir une autre action. Parmi les autres questions, celle du conditionnement qu’une telle machine risque d’entraîner sur l’environnement dans lequel elle va se déplacer. Et à l’heure où l’écologie prône le respect de l’environnement, la voiture autonome risque d’installer l’homme dans un nouvel univers, qui ne pourra plus être celui de ses ancêtres, d’où une réelle aporie qu’il conviendrait peut-être d’éviter. Qui gouvernera la route ?