Que les noms des différents récipiendaires des prix Nobel soient pour la plus part d’entre eux inconnus du public, n’est peut-être pas une raison suffisante pour ne pas discuter des deux dernières attributions. En effet, à y regarder de près l’IA semblerait bien être la gagnante, non pas encore toute catégorie, mais au moins dans deux disciplines, Physique et Chimie. Si les deux nominations concernent bel et bien des personnes physiques dont les noms ont été donnés, l’IA n’est pourtant pas absente et pour certains il devrait en être tenu compte. Quel est l’objet du débat ? La mise en concurrence de deux aspects de la recherche (AI wins two Nobels — sparking debate) : la théorie et la pratique dont il semble aujourd’hui que la séquence d’utilisation se soit inversée. L’hypothèse première, déterminant l’utilisation d’outils dédiés a été remplacée par l’utilisation première d’outils qui ne seront dédiés que secondairement en fonction des résultats qu’ils auront permis d’obtenir ! Ne serait-ce pas « mettre la charrue avant les bœufs ! » Il faut néanmoins reconnaître que cette nouvelle méthode de l’utilisation de l’IA n’est pas dénuée d’avantages et que même si le système enclanche de lui-même un auto processus réflexif et constructif, il repose bel et bien sur une démarche première dont l’humain n’est pas absent. Par ailleurs les recherches se révèlent être de plus en plus interdisciplinaires car il s’avère que la structure cause-conséquences n’est plus qu’exceptionnellement univoque. Enfin mais peut-être pas à la fin, l’IA peut donner à appréhender de façon plus large la réalité en permettant de comparer ce qu’elle est capable de construire et ce qui existe voire, pourrait exister. Ainsi l’intrusion de l’IA comme co-chercheuse n’exprime-t-elle que l’adéquation entre l’actualité sociétale et l’actualité scientifique.
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Et le Nobel est attribué à …
dimanche, octobre 13th, 2024Le Nouvel Esprit Scientifique
dimanche, octobre 11th, 2015Deux articles viennent de paraitre et sont particulièrement intéressants par le regard qu’ils portent sur les scientifiques et leurs résultats (Let’s think about cognitive bias, http://www.nature.com/news/let-s-think-about-cognitive-bias-1.18520 et How scientists fool themselves – and how they can stop, http://www.nature.com/news/how-scientists-fool-themselves-and-how-they-can-stop-1.18517?WT.mc_id=SFB_NNEWS_1508_RHBox,). Ce n’est pas tant les remarques concernant l’utilisation des tests statistiques modernisés. La quantité des données traitées n’est plus en effet comparable à celle traitée antérieurement quand les métadonnées n’avaient pas encore droit de cité. Ce n’est pas tant le fait d’utiliser ce qui pourrait être appelé kit statistique et dont l’utilisateur ne sait pas toujours (ne sait que rarement) avec précision ce avec quoi il joue (signification des fameux 5% !). Mais bien qu’exprimées de façon plus ou moins allusives, en tous cas, par légères touches, ce qui est particulièrement important c’est ce qui tendrait à faire accroire l’hypothèse selon laquelle les différents auteurs auraient lu/relu Gaston Bachelard (Regina Nuzzo, auteur du second article est professeur de statistique et journaliste scientifique indépendante). Car en effet quels sont les grands thèmes évoqués ? L’idée a priori, la construction de l’expérimentation, le résultat attendu, la confiance et son corollaire, la déception. Pour finir, il y a ce qui ressemble à une vraie nouvelle idée : celle qui explore le scientifique tel qu’en lui même, à savoir ce que l’on pourrait appeler autobiais intellectuel, et dont il aurait du mal à prendre conscience pour pouvoir s’en débarasser. Ainsi la science s’organiserait-elle selon le trépied suivant : la rupture épistémologique selon Gaston Bachelard, la demande impérative de véracité selon Karl Popper, et le chercheur lui-même qui introduirait à son insu son propre biais intellectel.
Enfoncer le clou
mercredi, mai 20th, 2015Comme une suite au précédent article ( What the UK election results mean for science, http://www.nature.com/news/what-the-uk-election-results-mean-for-science-1.17506?WT.ec_id=NATURE-20150514), viennent de paraître simultanément les deux suivants, Follow the Funding (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/42799/title/Follow-the-Funding/) ainsi que, Think Before You Fire (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/42788/title/Think-Before-You-Fire/) où il est question comme précédemment du(des) rapport(s) entre recherche (chercheurs) et origine des fonds nécessaires dans ce domaine : financement public vs financement privé. Ces questions ne doivent pas être envisagées en fonction du lieu géographique mais en fonction du rapport qui existe entre le public et le privé : deux attitudes que l’on peut voir comme opposées ou complémentaires. Se poser la question d’un entrave à la liberté de recherche dans le cadre d’un fonctionnement sur fonds privés ne semble pas plus pertinent que dans le cas de fonds publics. Depuis toujours en effet, les attributions se font sur dossiers et il existe une pertinence de sujets qu’aucun chercheur ne peut méconnaitre. Les grands thèmes n’appartiennent pas plus au public qu’au privé dans la mesure où ils reflètent les préoccupations du moment. Le second des ce deux articles aborde le problème selon une approche un peu différente mais qui ne peut être ignorée ; appartenance du chercheur à un laboratoire industriel et les aléas qui vont avec ce champ de l’industrie. Dans les deux cas, il existe néanmoins une préoccupation majeure. Il s’agit de l’obtention de résultats dans un temps qui se voudra plus court quand il s’agit de donations venant du privé, pour lequel investissement aura souvent tendance à aller de paire avec rendement, avec comme corollaire une application qui transcende le fondamental. En un mot comme en mille comment faire cohabiter au mieux pour les deux, le domaine de l’argent et celui des idées ?
Légende et réalité !
dimanche, octobre 21st, 2012Combien nombreuses sont les expressions familières où mention est faite du sang, combien nombreuses sont les légendes sur le même sujet, combien nombreuses les interprétations ! L’idée selon laquelle le sang est assimilé à la vie parcourt les âges et les contrées, donnant naissance à des croyances qui ont alimenté de nombreuses légendes dont certaines plus terrifiantes que d’autres. On peut difficilement prendre l’article Young blood really is the key to youth (http://www.newscientist.com/article/mg21628874.000-young-blood-really-is-the-key-to-youth.html) pour un démenti ! Bien sûr, une fois encore il ne s’agit que de souris, mais un sang neuf serait en mesure de renverser le déclin cognitif de nos animaux de laboratoire préférés (?). Bien sûr, une fois encore , les chercheurs n’ont pas identifié le responsable. Mais surtout, une fois encore les légendes prennent corps et qui plus est scientifiquement ! Prométhée ne voyait-il pas son foie se régénérer chaque nuit ? Bruno Bettelheim a interprété les contes de fées, relisons nos textes anciens pour aider nos chercheurs !