Posts Tagged ‘coopération cellulaire’

Bâtir

samedi, septembre 12th, 2020
Prométhée — Wikipédia

Construire est un acte riche en protagonistes inscrits dans une finalité qui commence avec une étape première et indispensable, le plan. L’homme a une appétence de connaissance et la perfection de son corps lui pose question. Son corps mais aussi celui de tout être vivant dans le mesure où chacun d’entre eux semble parfaitement remplir toutes les conditions nécessaires au déroulement de sa propre vie. Première interrogation, celle de la construction de l’être vivant à partir de deux cellules. Puis plus tard, la possible réparation d’une blessure, la possible régénération de certains de ses organes. Néanmoins il se peut que ces deux processus n’aboutissent pas exactement au résultat esompté et par ailleurs ses capacités se situent loin derrière celles d’un lézard auquel la queue aurait été coupée et plus loin encore de celles du lombric que l’on sectionne en deux. Plus ou moins parfaites ses reconstructions témoignent que l’organisme adopte pour la suivre une démarche ayant un but : la vision téléologique n’est pas loin ! Entre l’observation et la compréhension il y a un monde dont Zeus avait déjà une certaine conscience : le foie de Prométhée ne se reformait-il pas chaque nuit après qu’il ait été dévoré par l’aigle du Caucase! Ce qui pose réellement problème c’est le phénomène même de la coopération cellulaire pour aboutir à un résultat satisfaisant. Pour l’étudier aujourd’hui la génétique n’est plus l’outil requis, mais un nouvel artéfact né de la technicité, le biobot (https://www.sciencesetavenir.fr/fondamental/biologie-cellulaire/premiere-des-mini-biobots-sur-mesure-capables-d-avancer-transporter-ou-manipuler_140425). Il s’agit de nouvelles machines vivantes, (Feature: How Groups of Cells Cooperate to Build Organs and Organisms), auxquelles pourait fort bien s’appliquer le terme de « coquecigrue » (definition : sornette tout autant que créature imaginaire). Recette : prendre des cellules, qui répondront aux mécanismes chimiques et mécaniques ordinaires, mais surtout, surtout ne pas oublier la signalisation électrique ! En modélisant des circuits électriques, ces cellules livreront des sculptures différentes. L’homme programme, les cellules lui livrent le produit final ! Tout n’est pas encore résolu pour autant : si le génome artificiel est en bonne voie, la cellule synthétique n’est pas encore de ce monde. Que construira le prochain DR Frankenstein et de quoi aura-t-il besoin ?

La naturopathie, le normal et le pathologique

mercredi, juillet 13th, 2016

shutterstock_84973615Naturopathie, définition : médecine non conventionnelle qui vise à équilibrer le fonctionnement de l’organisme par des moyens jugés « naturels ». Cette médecine dite aujourd’hui non conventionnelle  répond en fait à  des méthodes anciennes (pas toujours inefficaces) mais qui, pour la majorité d’entre elles, n’ont pas été validées scientifiquement. En réalité, elles ciblent plus un bon fonctionnement de l’organisme, et se situent plutôt dans le cadre de la normalité que dans celui du pathologique dans la mesure où il s’agit en réalité d’une méthode qui doit être comprise comme préventive. Pourtant aujourd’hui on pourrait se poser la question de savoir comment appeler un traitement qui utilise des populations cellulaires normalement présentes au sein de l’organisme (Immune Cell–Stem Cell Cooperation, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/46377/title/Immune-Cell-Stem-Cell-Cooperation/&utm_campaign=NEWSLETTER_TS_The-Scientist-Daily_2016&utm_source=hs_email&utm_medium=email&utm_content=31443693&_hsenc=p2ANqtz-8Pq2iDILvU8bwwzUND4CNd9ielU9ID6ErhsqQdEd9PaXA2X3g1sMQY8YDdwHEAImAj7nd_SjreKLoQSkiAaXP0upWFbQ&_hsmi=31443693). Dans cette étude, pas autre chose qu’une coopération cellulaire spécifique entre deux vedettes : les cellules souches, que l’on aurait tendance à mettre à toutes les sauces et les cellules du système immunitaire qui ne sont pas en reste. A elles deux, ces populations représentent deux mondes dont l’exploration, loin d’être aboutie, a encore de beaux jours devant elle et ce d’autant plus que chacune d’entre elles sait bien ce que veut dire coopération.  Ces coopérations d’abord simplement mises en évidence puis progressivement expliquées semblent, dans certains cas, outrepasser leurs devoirs en entretenant une prolifération qui s’avère redoutable pour l’organisme. Ainsi se mêlent le normal et le pathologique dans la mesure où la normalité (de la coopération cellulaire) met en place une chaîne de processus qui aboutit à une anormalité que l’on serait en droit de qualifier de normale ! Tout pense à croire que l’on pourrait éviter ce devenir, mais alors quel qualificatif conviendrait  le mieux ?  Il n’est même pas certain que Canguilhem puisse répondre à cette question !