Voir l’invisible, révéler ce que la nature cache peut se satisfaire d’actes simples comme celui qui consiste à trouver ce qui peut colorer des structures qui ne le sont pas spontanément. Tout nouveau visible initie un processus auto-entretenu fait d’une suite de solutions et de questions qui s’emboitent les unes dans les autres. C’est ainsi que se déroule l’hstoire de la science qui voit se suivre de nouvelles interprétations ne devant leur existence qu’aux interprétations non conclusives qui les ont précédées. Dans cet ordre d’idées, les travaux de Paul Ehrlich (Side-Chain Theory, circa 1900, http://www.the-scientist.com/?articles.view/articleNo/36175/title/Side-Chain-Theory–circa-1900/) peuvent être cités en dexemple ! Les colorations qu’il mît au point lui permirent de mettre en évidence l’existence de spécificités tinctoriales cellulaires aussi bien que tissulaires. Comme il montra qu’il existait des structures basophiles ou acidophiles, il imagina qu’il y avait là l’équivalent d’un accrochage entre le colorant et la structure qui réagissait avec lui. De cet accrochage, il fit plus tard des serrures aux quelles des clefs appropriées devaient venir s’adapter puis il en tira une nouvelle invention la théorie des réponses immunes dite de la chaine latérale qui lui valu le prix Nobel, avec Ilya Ilitch Metchnikov, de physiologie/médecine en 1908. Bien qu’il s’agisse de l’acte fondateur sans lequel l’immunologie n’aurait pas vu le jour, cette théorie sélective fut progressivement invalidée, mais ne plus faire référence à cette théorie rend les avancées ultérieures incompréhensibles puisqu’elles n’auraient pas pu exister sans elle. Cette histoire peut conduire à deux réflexions : premièrement ne pas faire l’impasse du temps de la construction pour ne regarder que l’édifice d’autant que celui ci n’est certainement pas terminé, deuxièmement, devant de telles innovations dont on ne peut dire comment elles ont pu voir le jour, on a presque envie de penser que l’innéité de la connaissance peut être défendue.