Posts Tagged ‘vision’

Défectuosité

mercredi, juillet 7th, 2021
Illusion d'optique ... pour vérifier l'activité du cerveau !

Pour atteindre la paix de l’âme, jusqu’à “l’ataraxie” des anciens, plusieurs chemins ont été empruntés et le sont encore. Le septique compare et questionne, le stoïcien accepte le moment comme il se présente et l’épicurien satisfait ses désirs naturels, à condition qu’ils soient nécessaires. Thomas le didyme appartient à une autre famille, celle qui ne croit que ce qu’elle voit et c’est là que réside le problème. Faire confiance à l’un de ses cinq sens et se priver de l’apport du moindre raisonnement peut être lourd de conséquences. Ainsi la vision est-elle une grande pourvoyeuse d’erreurs quand c’est le cerveau lui-même qui ne répond pas présent pour rétablir la vérité. Que celui qui n’a pas “vu” les rayons lumineux du soleil traversant les nuages se fasse connaître (A new type of optical illusion tricks the brain into seeing dazzling rays). L’image de l’objet regardé lorsqu’elle se forme sur la rétine, est une image inversée, mais le cerveau la redresse. Il existe pourtant des situations où c’est bien lui qui induit en erreur le spectateur. Si les rayons du soleil traversant les nuages forment bel et bien des faisceaux lumineux, l’étoile scintillante elle, est bel et bien une illusion d’optique dont le cerveau est le responsable. Comme l’écrit l’auteur de l’article, le cerveau reconstruit le monde ! Sur quelles données s’appuie-t-il pour établir des lignes en reliant des points ? Cette capacité est-elle innée ou bien s’acquiert-elle avec la confrontation entre la perception visuelle et la connaissance puis la reconnaissance des objets du monde ? En d’autres termes, que sont les illusions sinon des constructions du cerveau non pas ex nihilo, mais bien “ex aliquo“. Parce que le cerveau cherche à mettre du sens, parce qu’il n’accepte pas l’absence de sens, il va toujours tenter de redonner sens. Il existerait dés lors une possibilité de le tromper que l’on pourrait peut être utiliser pour remédier à certaines anomalies de perception.

Un débat dépassé ?

dimanche, octobre 5th, 2014

dessin-bioniqueC’est un “vieux” débat que celui qui insiste sur l’opposition entre la prothèse et l’implant quand on se situe dans le cadre de la médecine curative. Un exemplaire du Scientist dans sa totalité, traite de la vision, avec en particulier quelques unes des avancées techniques dans ce domaine. Certains de ces articles sont à lire en raison de leur implication dans un possible future de différents types de cécités (The Bionic Eye, http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/41052/title/The-Bionic-Eye/). Sous le qualificatif d’œil bionique, il s’agit de montrer comment à partir de l’anatomie des tuniques de l’œil mais aussi de la cytoarchitectonie rétinienne, différents types de prothèse peuvent être proposés pour  une récupération qui tout en restant certes partielle, améliore de façon sensible une vision défectueuse voire inexistante. Et c’est là où se situe justement la question première à propos de  la prothèse et de l’implant, pas tant à propos de  la définition (selon le Larousse Médical), mais plutôt en ce qui concerne le patient lui même. Si l’on sait depuis les premières greffes du cœur qu’il n’est pas nécessairement aisé de faire du cœur greffé son cœur, existera-t-il un problème particulier à la mise en place d’un appareillage spécifique. Quand on se souvient que le PR Sicard (Président du Comité consultatif national d’éthique de 1999 à 2008),  n’était pas favorable à la recherche systématique des défauts de l’audition chez les nouveaux nés en vue d’un possible implant cochléaire (année 2008), on pense à de nouvelles réticences à propos de cette biotechnologie. N’est-il pas, au moins, aussi important de savoir ce qu’en pensent les intéressés ?

Voir ou comprendre, ne pas choisir

mercredi, août 21st, 2013

Dans son ouvrage Matière et Mémoire en 1891, H. Bergson, s’inspire d’études cliniques portant sur les aphasies de type sensoriel interprétées selon certaines théories de l’époque (Charcot, Broadbent, Kussmaul et Lichtheim), pour revenir sur l’existence de ce que l’on nommait  alors “centre idéationnel“. On aurait aimé croire à l’existence d’une sorte de centre supérieur auquel aurait été dévolu un rôle d’intégration. Mais la diversité des aphasies sensorielles vint rapidement contrecarrer ce schéma en incitant les cliniciens à dissocier ce centre intellectuel unifié en centres imaginatifs de multiplicité croissante, centre des représentations visuelles, centre des représentations tactiles, centre des représentations auditives. Puis devant une théorie qui se compliquait de plus en plus, sans arriver pourtant à étreindre la complexité du réel, il fut de plus en plus difficile voire illusoire de croire à l’existence de ces centres qui devinrent problématiques. Ce qui intéressait le philosophe Bergson, c’était ce problème de la (les) mémoire(s ) qu’il tenait  à séparer d’un centre anatomiquement et physiologiquement défini “…  il n’y a pas, il ne peut y avoir dans le cerveau une région où les souvenirs se figent et s’accumulent». Aujourd’hui le problème reste entier malgré les améliorations techniques apportées qu’elles soient macroscopiques aussi bien que microscopiques : les différentes imageries avec reconstructions, les circuits neuronaux décryptés. L’analyse n’a toujours pas débouché sur la synthèse. Il persiste une étape encore inconnue entre la réalité élémentaire du démontage et la réalité complexe d’un remontage réussi. On peut encore aller plus loin dans la difficulté en lisant attentivement (le sujet est difficile) l’ article Language Makes the Invisible Visible (http://www.the-scientist.com//?articles.view/articleNo/37012/title/Language-Makes-the-Invisible-Visible/) expliqué par ce second Words prompt us to notice what our subconscious sees (http://www.newscientist.com/article/dn24035-words-prompt-us-to-notice-what-our-subconscious-sees.html#.Ug1JF7u88Ec.email) où l’on aborde “en toute simplicité” les rapports entre la perception visuelle et le langage ! Ce thème n’aurait certainement pas déplu à Bergson puisque l’un comme l’autre ne peuvent être dissociés des processus de mémorisation ce que les auteurs n’abordent aucunement !

Voir, pourquoi ?

dimanche, mai 20th, 2012

Quand on s’imagine que le taureau voit rouge, sait-on que le guppy affectionne la couleur orange ( How Prawns Lure Prey | http://the-scientist.com/2012/05/15/how-prawns-lure-prey) ? Quand on a perdu la vue, sait-on qu’une restauration de cette fonction est en cours de devenir une réalité (Restoring sight with wireless implants, http://www.nature.com/news/restoring-sight-with-wireless-implants-1.10627) ? Dans cette époque où l’on ne sait que jurer par la 3D, où les enfants s’imaginent qu’il s’agit d’une fonction différente de celle que l’oeil est capable d’effectuer, sachons reconnaître les multiples facettes de cette fonction qu’est la vision. Car la vision est multiple : elle est ou non couleur, elle est ou non relief, mais elle est aussi soumise à interprétations, riche de sens, de faux sens, de contre sens. Néanmoins difficile de savoir s’en passer. Sachons apprécier et utiliser à bon escient les multiples expressions qui s’y rapportent, témoignage convaincant de la vulgate à son propops. N’oublions pas que nous ne sommes pas les seuls à voir, mais que ceux qui nous voient ne nous voient pas comme nous nous voyons ni comme nous les voyons.